Table des matières
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Sensibilisation de l'équipe chargée de l'étude
Transfert du savoir-faire technique
Gestion, examen et analyse de l'information
Élaboration d'hypothèses de travail
Description du plan d'étude
De quelles ressources aura-t-on besoin?
Combien de temps faut-il consacrer à la formation?
Une fois l'équipe chargée de l'étude mise en place, il vous faudra désigner un anthropologue appliqué ou un spécialiste en sciences sociales suffisamment expérimenté, et un instructeur capable de guider et superviser l'équipe chargée de l'étude au cours de la planification, de la conception et de la réalisation de l'étude. Certains projets disposent déjà d'un personnel hautement qualifié. La formation pourra être dispensée à intervalles réguliers par un ou des instructeurs externes ou internes. D'autres projets disposent de personnel moins qualifié/compétent. Ce chapitre fournit quelques directives à l'instructeur qui doit tenir compte des compétences existantes au moment de planifier et de délivrer la formation pratique.
L'objet de la formation est triple:
préparer et sensibiliser l'équipe chargée de l'étude en vue de procéder de façon ordonnée à l'investigation qualitative des déterminants socioculturels des pratiques d'hygiène;
dispenser à l'équipe les connaissances et les compétences techniques indispensables à la réalisation de cette investigation;
demander aux membres de l'équipe de participer à l'élaboration de l'étude en tenant compte du fait qu'ils seront eux-mêmes chargés de la réaliser.
Ces trois
objectifs sont tout aussi importants à la réalisation des
objectifs de la formation, car l'attitude et le comportement des
membres de l'équipe chargée de l'étude détermineront au moins
autant la qualité des informations obtenues que leurs
compétences relatives à l'investigation et à l'analyse. De
surcroît, il est plus facile pour l'équipe chargée de l'étude
de mener une étude préparée en collaboration avec ses propres
membres qu'une étude conçue par une ou plusieurs personnes
avant le recrutement des membres de l'équipe.
La sensibilisation signifie «rendre sensible» ou «faire réagir». C'est un terme que l'on emploie souvent dans la recherche participative ainsi que dans les cercles anthropologiques où la capacité à distinguer le savoir local/profane est fortement appréciée. Le terme est moins bien connu dans les cercles qui soutiennent que le savoir est détenu par «l'expert» universitaire ou technique et qu'il voit être transmis au profane ou a «l'ignorant» local.
Pour le professionnel travaillant sur un projet d'approvisionnement en eau et d'assainissement, l'étude systématique des pratiques d'hygiène n'est pas vraiment une tâche «naturelle», encore moins si son expérience et sa formation professionnelles ne comportent pas d'études qualitatives. Ainsi, par exemple, le technicien chargé de l'assainissement et de l'eau s'occupe des pompes et des canalisations et ne voit pas la nécessité de savoir ce que font les utilisateurs de ces pompes et de ces canalisations, ni ce qu'ils ont à dire et pourquoi.
Il est important que chaque membre de l'équipe fasse preuve de curiosité pour savoir ce qui se passe dans la localité. Chaque individu doit se mettre en position d'apprentissage, même si c'est une position a priori difficile et inhabituelle pour quelqu'un dont le métier est d'apprendre aux autres.
Encouragez l'équipe chargée de l'étude à discuter des moyens suivants en vue de nouer des relations avec la population étudiée, et à identifier les points les plus importants dans leur propre cadre. Les gens réagiront à l'égard des membres de l'équipe en fonction de leur sexe, de leur groupe ethnique, de leur âge, de leur style vestimentaire, de la façon dont ils parlent, et de leur apparence. Les investigateurs doivent s'efforcer, aussi bien sur le plan individuel que collectif, de minimiser les différences de condition pour créer une atmosphère détendue. Cela favorisera la coopération de la population locale et atténuera l'«effet d'observateur», où les gens tendent à agir ou parler de façon inhabituelle en présence d'étrangers. Et enfin, cela permettra de minimiser l'éventuelle subjectivité pouvant découler de l'«effet d'observateur il».
Voici les moyens que nous recommandons en vue de nouer des relations:
Apparence. L'aspect extérieur est très important. Par exemple, lorsque vous travaillez dans une communauté rurale, essayez de vous identifier à la population locale et de minimiser les différences existantes en portant des vêtements simples et en vous exprimant avec simplicité. L'inverse est aussi vrai lorsque vous devez vous adresser à des professionnels ou à des personnes importantes. Portez des vêtements convenant à l'occasion, sans pour autant attirer l'attention.
Salutation. Saluez vos interlocuteurs de préférence dans la langue locale, en particulier dans les campagnes. Si vous ne parlez pas la langue de la population locale, il est recommandé d'en apprendre quelques phrases courantes, ne serait-ce que pour démontrer votre intérêt.
Présentation. Présentez-vous et demandez à votre interlocuteur de se présenter aussi, en respectant les coutumes locales. Ceci est important notamment pour les entrevues. Dans les discussions en groupe, chaque participant doit être invité à se présenter. Vous démontrerez ainsi aux participants l'intérêt que vous leur portez.
Titres. Lorsque vous posez des questions, appelez votre interlocuteur par son nom, précédé de son titre, le cas échéant. En procédant ainsi, votre enquête (en particulier les entrevues) conservera son caractère non officiel (conversationnel), plutôt que formel (interrogatoire). Vous devez éviter de donner à la personne qui répond aux questions l'impression de subir un interrogatoire on de passer un examen oral sur ce qu'elle sait.
Instaurez un climat de confiance en insistant auprès de vos interlocuteurs que leur point de vue, leurs connaissances et leurs croyances vous intéressent. Que ce soit dans le cadre des entrevues individuelles ou des discussions collectives, ne manquez jamais une occasion de rappeler que vous êtes là non pas pour juger, mais pour apprendre.
Instaurez la confidentialité en assurant à vos interlocuteurs que vos conversations ou entrevues ne seront pas répétées et que leur nom ne figurera pas sur vos rapports écrits.
Une fois établies les bonnes relations avec la population locale, vous pourrez les entretenir en suivant quelques règles universelles de courtoisie, parmi lesquelles:
Vie privées. Les investigateurs doivent faire très attention de respecter la vie privée des gens. Les questions personnelles ou sensibles (demander à voir les latrines ou ce que gagnent les gens) peuvent être gênantes. Toutefois, il est possible de minimiser ces inconvénients si l'équipe chargée de l'étude fait tout pour informer les participants de ses intentions et de ses intérêts. Si les gens comprennent pourquoi vous leur posez ces questions, vous aurez plus de chances d'obtenir leur collabo ration.
Choix du moment. Au moment de planifier les visites chez les gens et les réunions de groupe, vous devez tenir compte des habitudes et des activités locales. Par exemple, les investigateurs doivent éviter de se présenter au domicile des gens à l'heure des repas. Prenez soin de consulter les gens avant de fixer la date et l'heure de vos rencontres. Soyez suffisamment souple pour modifier l'emploi du temps de vos activités en fonction des jours fériés, des jours de marché ou d'événements imprévisibles, comme par exemple les enterrements.
Rétroaction. Présenter vos conclusions à la population étudiée, c'est informer les participants et leur fournir l'occasion de s'exprimer, que ce soit pour confirmer votre analyse, pour corriger les idées fausses, ou encore pour compléter vos informations. La rétroaction est un excellent moyen de sensibiliser les habitants à leurs propres pratiques d'hygiène et de justifier votre projet. Ayant pris la peine de renseigner vos informateurs sur les résultats de leur coopération, vous pourrez utiliser des tableaux-papier et des fiches récapitulatives pour maintenir leur intérêt et leur participation jusqu'à la fin de votre étude et au-delà.