Table des matières
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6.1 La préparation mentale
Etant donné que le groupe focal est une activité qui exige une intense concentration pendant 1 ou 2 heures, il est important que le modérateur soit mentalement dispos et débarrassé d'anxiété et inquiétudes. Pour la période de l'étude durant laquelle auront lieux les réunions de groupes focaux, le fait d'avoir l'esprit reposé, facilitera votre capacité de concentration.
Un autre facteur qui influence la réussite du groupe focal est votre aptitude à mener une conversation naturelle et fluide et de savoir garder à l'esprit les questions à poser. Ayez toujours une copie de ces questions sous les yeux, mais ne faites qu'y jeter un coup d'oeil pour vous rappeler la question suivante ou un point à soulever pour encourager la conversation. Des exemples suivent.
6.2 La liste de contrôle de la discussion en groupes focaux
Un travail qui nécessite beaucoup d'activités, d'équipements et de visites sur le terrain exige une bonne planification. Bien que la plus grande part du travail de planification ait été déjà faite, il est nécessaire de vous assurer que vous partez sur le terrain avec tout ce qu'il faut pour animer le groupe focal de façon aussi réussie que possible.
Avant chaque déplacement, préparez un "pense-bête" (liste de contrôle pour vérifier que vous n'oubliez rien). Chaque membre de l'équipe peut être responsabilité pour vérifier la préparation et la disponibilité des outils de travail. Cette liste comprend tous les documents et équipements nécessaires ainsi que la liste des participants. En dressant la liste des équipements pensez à tout ce dont vous aurez éventuellement besoin, y compris piles et pièces de rechange pour remédier aux défaillances en cas de panne. Prenez en réserve avec vous des piles et des bandes magnétiques. Veillez également à désigner une personne chargée de vérifier et tester tous les équipements avant le départ.
Utilisez systématiquement la liste de contrôle avant chaque groupe focal, même si vous estimez que vous avez en mémoire tout ce qui est nécessaire. C'est une bonne habitude à prendre qui vous épargnera bien des tracas, en particulier au début du projet. Les listes de contrôle empêchent également de penser que quelqu'un d'autre à tout prévu!
7.1 Rencontre de la communauté pour contacter les participants
C'est un travail à effectuer un jour ou même une semaine avant le groupe focal. Cependant, dans certaines circonstances, les participants peuvent être contactés tard, le jour même de la tenue du groupe focal. Votre équipe aura déjà établi ses prévisions concernant le moment d'établir le premier contact avec les participants, mais il reste quelques mises au point à faire quant à l'organisation de la session avec les participants potentiels.
C'est une très bonne idée pour les membres de l'équipe qui dirigeront le groupe focal que de faire une visite au domicile des participants pour les inviter à la session. Cette visite personnelle témoigne de l'importance que l'équipe accorde au participant et l'encourage à prendre part à la réunion. La visite à domicile est l'occasion de recueillir des données démographiques de base concernant les participants: âge, profession et situation maritale par exemple. Ce travail d'enregistrement, s'il est entrepris pendant le déroulement du groupe focal, prend beaucoup de temps mais il arrive aussi que les gens ne veuillent pas donner de détails sur leurs propre personnes devant d'autres participants.
Lorsque vous arrivez pour la première fois dans un endroit, il est approprié de prendre contact avec le chef de la localité ou l'agent de santé, pour obtenir la permission d'aller à la rencontre de la communauté. Il y a beaucoup de chances que ces derniers vous aident à localiser des participants et un site pour la session. C'est faire preuve de courtoisie que de leur expliquer l'objectif de votre projet, mais évitez de leur donner trop de détails sur la session car ils pourraient influencer les réponses.
Renseignez-vous sur les activités quotidiennes des participants et soyez sensible au volume de temps dont ils devront disposer pour se consacrer à une session d'une durée de 2 heures. Un groupe focal prévu tard dans l'après-midi risque de gêner la préparation du repas du soir par exemple, et vous constaterez que peu de gens seront disposés à y participer. Le temps d'assister à la session, de s'attarder à causer avec quelques amis puis de regagner la maison peut facilement prendre une demi-journée. Ne faites jamais pression sur les gens pour qu'ils prennent part aux sessions. Les gens inquiets des tâches qui les attendent à la maison ne sont, en aucun cas, de bons participants. Encouragez les participations en assurant la garde des enfants pendant la session. Au cours d'une étude qui utilisait des groupes focaux, lorsque des femmes faisaient savoir qu'elles ne seraient libres qu'après le repas du soir, le chercheur responsable a pris des dispositions pour leur servir le dîner et ainsi favoriser leur participation et créer une atmosphère chaleureuse et amicale qui a encouragé les participants à débattre des questions délicates relatives à leur santé (Siriporn Chirawatkul, communication personnelle).
7.2 Dispositions à prendre avant l'arrivée des participants
L'équipe doit se trouver sur les lieux à l'heure fixée, pour s'assurer que l'endroit indiqué pour recevoir le groupe focal est prêt. La liste de contrôle que vous avez préparé doit également inclure ces préparatifs. N'oubliez pas de toujours la consulter avant la tenue de la séance.
Si ces dispositions ont été prises un ou deux jours à l'avance, il est souhaitable de rendre visite aux participants pour leur rappeler la tenue de session. Il peut être également nécessaire de rendre une visite de courtoisie et de rappel au chef ou à l'agent de santé de la localité.
Les chaises, bancs ou nattes doivent être disposés de manière à encourager une discussion collective (disposition en cercle) et les équipements de travail mis en place et testés une dernière fois.
7.3 Dispositions à prendre à l'arrivée des participants
L'une des raisons qui justifie l'arrivée de l'équipe sur les lieux avant l'heure fixée est de faire savoir aux gens que la réunion aura bien lieu comme prévu et que l'équipe est prête à les recevoir.
L'heure de l'accueil est fixée de manière à permettre aux participants de faire connaissance et de les mettre à l'aise. Le rôle de l'équipe ici, consiste à assurer l'accueil comme pour une réunion d'amis ou une rencontre entre voisins.
C'est le moment de parler de choses et d'autres avec les participants qui arrivent. Garder à l'esprit que les questions à soulever lors du groupe focal ne doivent pas être évoquées avant le démarrage de la session. Certaines personnes ne sont prêtes à exprimer leur point de vue qu'une seule fois. Evitez aussi les sujets à controverse! Nous devons à tout moment garder une apparence neutre pour que les gens continuent à se sentir libres de s'exprimer.
Si les fiches d'identification des participants n'ont pas été remplies à domicile, c'est le moment de le faire. Dans certaines communautés, c'est une bonne idée que de remettre aux participants des badges pourtant leurs noms et prénoms. Cela permet au modérateur de se rappeler les noms des participants, créant ainsi une atmosphère amicale et chaleureuse. L'observateur quant à lui, a plus facile pour identifier les réponses de certains participants.
Le temps de l'accueil est également l'occasion d'observer comment les participants communiquent entre-eux. Les personnes jugées bavardes ou dominatrices devraient être repérées et il faut essayer de les placer près du modérateur, afin que ce dernier puissent les contrôler s'il arrive qu'elles dominent la session. Les personnes timides devraient s'asseoir en face du modérateur pour permettre un maximum de contact visuel. Tandis que l'observateur accueille participants à l'entrée, le (les) modérateur(s) profite(nt) de ce moment pour bavarder un peu avec les arrivants.
Au cas où des participants évoquent les sujets à l'ordre du jour il ne faut pas leur donner trop de renseignements. S'ils ont une idée trop précise des informations dont nous avons besoin, ils peuvent ne pas répondre d'une manière naturelle lorsque les questions sont posées. Pour cette étude, les points suivants peuvent être avancés comme réponse de routine à de pareilles questions:
NOTE A L'INTENTION DU FORMATEUR
Ajoutez au présent paragraphe, les réponses standards que vous allez donner aux questions spécifiques concernant la session et le thème de discussion.
7.4 Décider quand commencer
L'effectif idéal est de huit (8) participants. S'il arrive que des participants décident de ne pas venir, soyez prêt à commencer avec un effectif d'au moins quatre personnes. Ceci n'est pas véritablement rentable mais il faut comprendre que les participants qui sont venus, nous ont sacrifié de leur temps. Ils doivent percevoir l'importance qui leur est accordée et pour cela nous devons leur montrer que leurs points de vue méritent toujours d'être écoutés.
Au cas où il se présente moins de quatre participants, il faut quand même s'asseoir avec eux et discuter librement des questions prévues. Ils peuvent apporter de nouvelles informations susceptibles d'aider dans la réalisation de l'étude. Même des entretiens de ce genre sont capables de fournir des informations pertinents.
7.5 Que faire si trop de personnes arrivent pour la réunion?
Si au contraire, des personnes non invitées veulent s'ajouter au groupe, il faut les éconduire avec tact. C'est en tenant compte des habitudes locales que l'équipe doit agir. Elle le fera avec souplesse et compréhension. Au cours d'une étude, les personnes en surnombre ont été invitées à quitter les lieux mais un second groupe focal a été organisé le lendemain pour permettre au modérateur de les entendre (Siriporn Chirawatkul, communication personnelle).
8.1 Introduction
Cette partie de la séance est importante dans la mesure où elle détermine l'atmosphère de travail pour l'ensemble du groupe focal. L'entretien doit démarrer de manière fortuite mais il faut que l'assistance sache qu'il existe une certaine structure et un plan à suivre. Il est important aussi de ne pas paraître trop familier, car la séance risque alors de ne pas être prise au sérieux. D'un autre côté, un formalisme excessif peut freiner le cours de la conversation.
8.2 Comment commencer la réunion
Souhaitez la bienvenue aux participants et remerciez-les d'être venus Présentez l'équipe. Si vous travaillez avec une traduction, les propos du modérateur souhaitant la bienvenue doivent être traduits directement. Cela donne aux participants l'impression d'être tout à fait concernés par la séance. Expliquez le travail de l'équipe. Donnez un aperçu simple du projet sans révéler la nature exacte des questions.
Expliquez le rôle des différentes personnes au sein de l'équipe
Expliquez pourquoi les participants ont été choisis. Soulignez l'importance de leur contribution pour l'étude et pour la communauté.
Assurez-vous que les gens aient bien compris que les échanges resteront confidentiels.
Expliquez, si c'est le cas, que vous ferez usage d'un magnétophone pour mieux vous rappeler ultérieurement ce qui a été dit.
Expliquer le fonctionnement du groupe focal et les règles de base:
- Un groupe focal est conçu autour de certaines questions.- Une séance dure environ une heure et demie.
- Du fait de la nécessité d'avoir une traduction et un enregistrement sur bande magnétique, (si cela est le cas) il est essentiel qu'une seule personne parle à la fois.
- Parfois, il peut être nécessaire pour l'observateur de vérifier un point avec le modérateur ou s'il y a deux modérateurs, une communication peut s'instaurer entre eux; soyez donc patients.
Efforcez-vous de garder la conversation "à l'intérieur du groupe" et d'éviter les apartés qui troubleraient le cours de la discussion.
Nous souhaitons avoir le point de vue de chacun d'entre vous. Tout ce que vous voulez dire a de l'importance pour nous. Tâchez de donner à chacun son tour de parole.
Compte tenu du fait que nous avons beaucoup de choses à discuter en une heure, nous serons parfois obligés de passer à la question suivante, avant d'avoir véritablement épuisé un sujet.
Les commentaires vagues ne donnent pas d'informations utiles. Nous pourrions être amenés à vous demander d'éclaircir un point. L'expression " je suis d'accord" sera habituellement suivie d'une demande d'un complément d'explication. Si vous dites "il est difficile...", nous vous proposerons de continuer et de nous dire pourquoi "Il est difficile de..."
Les membres du groupe se présentent eux-mêmes. Demandez s'il y a des questions.
Commencez la séance par une question pour mettre les participants à l'aise. Il peut s'agir d'une question qui montre que tous les participants ont quelque chose en commun et qu'ils peuvent parler librement. Ou encore, cela peut être une question très générale à laquelle il est facile de répondre, ce qui va aider à détendre l'atmosphère du groupe. Cette question peut être plutôt longue, certainement plus longue que celles posées dans le questionnaire d'enquête et cela pour encourager des réponses complètes. Par exemple:
"Comme je viens de l'expliquer, je cherche à me documenter sur les problèmes de santé que rencontrent les habitants de ce village. Pourriez-vous me dire quels sont les principaux problèmes de santé que vous rencontrez ici....?
9.1 Introduction
L'équipe de recherche a minutieusement préparé les questions destinées aux groupes focaux. Si vous travaillez dans une langue étrangère le personnel de terrain qui pourrait aussi assurer les services de traduction devra conseiller l'équipe de recherche sur la manière de formuler les questions ainsi que sur la traduction.
Les questions ont été conçues pour répondre à des besoins précis et obtenir aussi vite que possible les informations souhaitées. Pendant les séances préparatoires, il peut apparaître que certaines de ces questions doivent être reformulées, parce que les participants ne parviennent pas à en saisir le sens.
Le point le plus important à se rappeler, c'est que les questions doivent être posées exactement comme elles ont été rédigées. Si vous voulez en changer l'ordre ou estimez qu'il y a une erreur, consultez l'équipe avant de faire les modifications.
9.2 Les genres de questions utilisées
Les questions utilisées dans les groupes focaux sont ce que nous appelons des questions ouvertes. Cela veut dire qu'il peut y être répondu de diverses façons. Ceci aide les participants à parler de ce qui est important pour eux plutôt que de faire des réponses toutes faites.
Nous démarrons la séance avec des questions ouvertes et d'ordre général pour devenir de plus en plus précis au fur et à mesure que nous entrons dans le vif du sujet. Cette façon de procéder nous permet d'obtenir les informations voulues.
Les groupes focaux évitent les questions auxquelles il faut répondre par oui ou par non. Les questions sont formulées de manière à encourager la discussion. Si vous demandez "Est-ce que vous...?" ou "y a-t-il...?", vous devez vous attendre à ne récolter comme réponse qu'un oui ou non.
Les groupes focaux n'utilisent aussi que très rarement les questions commençant par pourquoi ceci parce que cette façon de poser la question suggère une réponse délicate et les participants auront tendance à répondre de la manière qu'ils estiment correcte ou bien selon ce qu'ils pensent que vous aimeriez entendre.
Les questions 'fortuites" peuvent être nécessaires à poser une fois que le groupe focal a démarré. Ceci arrive lorsque le débat prend une direction que nous n'avions pas envisagée au départ et qu'un sujet très intéressant est abordé en cours de séance. Si vous pensez à des questions non prévues et que vous êtes assisté d'un modérateur contrôle, informez-le avant d'explorer ces aspects nouveaux. Si, en règle générale, il est préférable que ces questions soient posées de préférence, à la fin de la séance, dans les 10 ou 15 dernières minutes, dans certains cas elles doivent être abordées au moment où elles sont soulevées.
Par exemple, supposons que vous dirigez un groupe focal sur la schistosomiase à haematobium (schistosomiase urinaire) et que quelqu'un dans le groupe affirme que l'hématurie (sang dans l'urine) est normale (Bello et Idiong 1982; Nash et al. 1982). C'est là une occasion de poser une question fortuite ou imprévue, comme indiqué dans l'exemple du Tableau No. 8. "M" est le modérateur.
Tableau No. 8 M: Nous parlons des différentes maladies observées chez des adolescents. Vous avez cité le paludisme, la toux et la diarrhée. Est-ce tout? |
NOTE A L'INTENTION DU FORMATEUR
Il faudrait maintenant consacrer quelque temps à l'examen du guide de questions que vous avez préparé sauf si vous avez l'intention de rédiger le guide avec le personnel du terrain, il vaut mieux alors le laisser d'abord terminer sa formation.
10.1 Introduction
Le domaine qui nécessite le plus d'expérience est le contrôle de la discussion du groupe focal. Vous ne parviendrez pas à enregistrer toutes ces techniques en une fois mais profitez de chaque nouveau groupe focal pour essayer progressivement, l'un après l'autre, de vous exercer à la pratique de toutes ces techniques.
L'outil le plus puissant pour encourager la participation du groupe consiste à expliquer soigneusement au début de la séance, en termes généraux, le but de l'étude et l'importance de la contribution des participants à la recherche.
La liste qui suit n'est pas nécessairement complète. Il vous appartient de proposer d'autres techniques pour animer la discussion.
10.2 Encourager la discussion
L'atmosphère
Autant que possible, avoir une attitude amicale et chaleureuse afin que les participants se sentent à l'aise. Comme déjà dit, le fait de se montrer ouvert et libre de tout jugement peut aider considérablement. Il a été également mentionné plus haut la nécessité de conserver une certaine distance au cas où les participants ne prendraient pas la séance au sérieux.
Pauses et encouragements
Faire des pauses pour permettre à un participant de réfléchir davantage sur le sujet en cours constitue une technique fort utile. Elle permet également à un autre orateur de faire ses commentaires. Certains participants, timides, peuvent ne pas prendre la parole pendant longtemps: une pause les encouragera à parler.
Cette technique est TRES difficile à mener à bien si vous êtes trop anxieux quant à la réussite du groupe focal. Il est normal de chercher à combler les vides dans une conversation. Exercez-vous au sein de votre famille ou avec vos amis pour voir comment Ça marche. En étant confiant en cette méthode, vous parviendrez à l'utiliser d'une manière assez efficace.
La pause ne devait pas dépasser 5 secondes (ce qui paraît énorme si vous êtes nerveux!). Utilisée avec assurance, elle permet d'éviter que vous ne vous précipitiez trop rapidement sur le sujet de discussion suivant.
Vous pouvez également utiliser la pause pour faire un signe à quelqu'un. Cela peut l'encourager à parler. Evitez toutefois d'embarrasser qui que ce soit, surtout les timides.
Un regard à quelqu'un peut aussi être un moyen de l'encourager à prendre la parole. Le fait d'ouvrir grand les yeux, de hocher la tête et de faire d'autres gestes (qui varient d'une culture à l'autre) peuvent encourager quelqu'un à parler. Il y a des incitations verbales dont certaines ont un sens ("je vois", "ça c'est intéressant, continuez..."), d'autres ne sont que des sons rassurants ("mmm", "ah-ah") utilisés pour encourager un orateur à poursuivre sa réponse.
Le sondage
Compte tenu de l'importance que revêt cette technique, il est nécessaire de préparer des sondages sur chaque question que nous posons au cas où personne n'y répondrait. Généralement, nous nous efforçons d'éviter les commentaires vagues et veillons à encourager l'orateur à donner plus d'informations:
Ex: "Pourriez vous en dire davantage?"
"Voulez-vous me donner un exemple de ce que vous dites?"
"Je ne comprends pas très bien..."
Le sondage général est souvent utilisé au début de la discussion. Cela permet aux participants de mieux comprendre que nous souhaitons des réponses précises.
La reformulation
Une question peut-être reformulée si le groupe trouve qu'il est trop difficile d'y répondre. Veillez à ne pas modifier le sens original de la question et ni d'en dévoiler la réponse.
"J'ai fait référence à l'accès aux dispensaires. Ce que je voulais vous demander, c'est ceci: y a-t-il des facteurs qui, soit vous empêchent de vous rendre au dispensaire, soit vous en facilitent l'accès?"
Les rappels
Il s'agit d'une technique utilisée pour maintenir la conversation animée. Elle fait référence au groupe de questions posées.
"Mme X., vous nous avez dit que vous ne pourrez pas amener votre enfant au dispensaire parce que les moyens de transport font défaut. Mme Y (qui n'a encore rien dit) y a t-il vous aussi, quelque chose qui vous empêche d'amener votre enfant au dispensaire?"
Les hypothèses
Parfois, il est utile de donner, en exemple, un sujet particulier (par exemple, une éventuelle intervention, ou bien un ensemble de symptômes) afin de tester les connaissances et attitudes du groupe ou de préciser le caractère général d'une intervention antérieure. Au cours d'une étude, une équipe de recherche a utilisé des représentations cliniques (ensemble de signes et symptômes évoquant une maladie) pour trouver la terminologie locale définissant les différents types de diarrhées et tester la compréhension de ces images, avant de les intégrer dans des séances d'entrevue avec les mères et les grands-mères (ABDULLAH SANI et al. 1990).
Supposez par exemple, que vous vouliez déterminer si le traitement diffère selon qu'un enfant a une fièvre simple ou bien qu'il présente d'autres signes susceptibles d'indiquer un cas de paludisme. La question à poser serait:
"Vous avez dit que les bébés qui ont de la fièvre sont traités par le guérisseur local. Mais supposez qu'un bébé fasse une forte fièvre, ait très froid, frissonne et que son état de santé ne paraisse pas s'améliorer: que feriez-vous alors?"
Le tableau ci-après donne des exemples, de différents types de questions que vous pouvez utiliser dans un groupe focal.
10.3 Traiter les cas particuliers
Tous les participants ne répondent pas de manière idéale! Pour cette raison, nous allons voir comment traiter de certains problèmes communs aux groupes parmi les plus classiques (aussi Scrimshaw et Hurtado 1985: 15-19; Sittitrai et Brown 1990; Stewart et Shandasani 1990: 96-98).
L'expert
Souvent, dans les groupes, il y aura des "experts". Il s'agit de personnes considérées par elles-mêmes ou par les autres, comme ayant des connaissances approfondies sur le sujet.
Bien qu'ils puissent donner beaucoup d'informations utiles, les experts ne devraient pas être autorisés à dominer le groupe focal, car ils risqueraient d'empêcher les autres de parler. A l'ouverture de la séance, il faut insister sur le fait que tous les participants savent des choses sur le sujet et que vous voulez entendre les avis de chacun.
Tableau 9 M: Est-ce que vous pourriez me parler de différents types de maladies qu'attrapent vos enfants? [question d'ordre général] |
Parfois, les participants ont un statut particulier dans la communauté, que vous ne connaissez pas. Il pourrait s'agir de l'épouse d'une éminente personnalité, d'une personnalité plus riche que les autres ou bien de gens ayant des qualités particulières qui empêchent ou réduisent la conversation des autres. Au cas où vous identifierez une telle personnalité, n'en tenez pas trop compte tout en sachant bien que les autres membres du groupe sont au courant.
Le bavard
Il s'agit de participants qui veulent répondre à toutes les questions à la place du groupe. Bien souvent, leurs réponses sont immédiates et empêchent les autres de parler.
Encore une fois, le petit discours du début devrait insister sur la nécessité d'avoir les points de vue de TOUS les participants. Cet aspect devra rester présent dans toutes les mémoires.
Il faut identifier les bavards si possible au moment de l'accueil et les asseoir à coté du modérateur. Ainsi des gestes pourront être utilisés, comme se détourner légèrement d'eux et regarder les autres membres du groupe dans les yeux.
Si le bavard persiste, il faut alors recourir à des mesures plus énergiques!
Ayez l'air ennuyé tout en évitant de fixer le regard du bavard. Mais restez aimable et courtois. Remerciez le bavard pour son intervention et sollicitez activement d'autres interventions du groupe.
Les timides
Dans un groupe il existe toujours des gens timides. Une fois de plus, il faut essayer de les identifier au moment de l'accueil et les placer en face du modérateur pour permettre un maximum de contact visuel.
Si cela reste sans résultat, essayez gentiment de les appeler par leur nom. Soyez très prudent dans l'utilisation de cette méthode car elle pourrait les embarrasser et les empêcher définitivement de parler.
Ceux qui ne peuvent pas s'arrêter de parler
Ces gens parlent à tort et à travers, de tout et de rien. Ils ne cessent de fournir la bonne information utile et empêchent les autres de parler. Compte tenu que vous n'avez plus qu'une heure de discussion pour aborder plusieurs thèmes, il est essentiel que vous teniez cette catégorie de bavards sous votre contrôle.
Gérer ces gens en arrêtant de les regarder après 20 à 30 secondes. L'observateur et les autres membres de l'équipe, s'ils sont présents doivent en faire autant. Prenez l'air ennuyé, en regardant les autres participants, mais pas le bavard concerné.
Dès qu'il s'interrompt un moment, soyez prêt à poser une autre question à un autre participant ou bien répétez, si cela est nécessaire, la même question aux autres membres du groupe.