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Deuxième Partie: L'Informationnel et sa Problématique a l'Echelle Mondiale
1. Les Progrès Technologiques
Inutile d'insister ici sur les techniques nouvelles. La presse depuis quelque temps est pleine de descriptions détaillées sur les nouveaux dispositifs et procédures de l'information. J'insisterai seulement sur deux ou trois points. Il y a d'autre part des techniques qui impliquent cette connaissance mathématique mais qui s'en distinguent comme les applications se distinguent de la science fondamentale. Enfin, il y a une pratique sociale de l'information. Une tendance se fait jouer à admettre qu'il n'y a aucune séparation entre ces trois domaines et que par conséquent il y a une sorte de théorie unitaire du champ informationnel. Cette prétendue science théorique qui fait disparaître les distinctions dans une globalité relève de ce que j'appellerai l'idéologie informationnelle et que je critiquerai plus loin. Cette tendance à ériger toute théorie nouvelle en absolu apparaît bien des fois au cours de l'histoire du savoir. Toutefois il ne peut pas être question de séparation absolue entre ces trois secteurs puisque la théorie de la dégradation de l'énergie informationnelle se retrouve partout et se relie comme on sait aux lois générales de l'énergétique et de la thermodynamique. Seconde remarque: il y a d'autres "aventures technologiques" que l'aventure informationnelle, qu'il n'y a pas lieu de privilégier en la portant à l'absolu ici encore. Parmi ces "aventures technologiques" citons l'exploration et l'exploitation du fond des mers, les manipulations génétiques et les performances de la biologie: les problèmes énergétiques et les sources d'énergie, etc... Il n'en est pas moins important de souligner que l'avance technologique renforce mais en même temps diversifie le réseau mondial des communications. Il tend à constituer un réseau unique par inter-connexions des réseaux divers et en s'intégrant des services multiples. La question de l'informationnel, quelque peu banalisée de nos jours, n'est pas pour autant épuisée.
2. L 'Idéologie Informationnelle
C'est une question importante non seulement parce que l'information atteint la totalité du public, modifiant ainsi les représentations et idéologies, modifiant aussi les normes et valeurs, mais parce qu'on observe partout une forte tendance à transférer la fonction idéologique, y compris la production et la diffusion du savoir de l'université et de l'école aux appareils d'information. Or ceux-ci sont administrativement et institutionnellement contrôlés soit par l'Etat, soit par les grandes firmes dites mondiales.
En particulier tout ce qui concerne la (le) politique risque de passer par les canaux de l'information. Ce qui voue la pensée et l'action politique indépendante et nonprogrammoes à l'inefficacité et à la stérilité. La politique elle-même risque d'être remplacée par l'idéologie et par le discours des autorités et des "compétents," c'est-à-dire des techniciens et technocrates capables de programmer l'informationnel.
Cette tendance fait partie de la "crise" actuelle et l'étend non seulement aux valeurs et normes mais à la pensée politique et aux institutions. Elle favorise la personnalisation du pouvoir et même l'appel à un consensus nouveau autour du pouvoir personnalisé. Danger primordial: le renforcement sans limite de l'Etat et de ses capacités multiples, gestionnaires, répressives, idéologiques.
L'idéologie informationnelle en vient à annoncer la genèse d'une autre société: la société post-industrielle. La société pré-industrielle serait fondée sur la disposition des matières premières. La société industrielle s'organise autour de l'énergie... La société post-industrielle se structurerait autour de l'information (cf. The Changing Inform. Environment, Westview, Environmental Studies, Tome IV. 1976).
La critique de l'idéologie informationnelle doit éviter ce que les auteurs de "l'ordinateur au pouvoir," P. Gremion et H. Jamous, appellent le roman rose et le roman noir de l'informatique. Je veux éviter la "fascination" que provoquent ces instruments capables de collecter, d'intégrer, et de traiter l'information sans moraliser ni politiser arbitrairement les données. Il s'agit donc de dépasser dans cette critique les vieilles questions: "Quels sont les effets de l'informatique sur ceci ou sur cela?... L'informatique est-elle neutre?..."
Les idéologues de l'information savent que la société se transforme et qu'il en résulte une profonde modification sinon un effondrement des normes et des valeurs. Ils pensent que l'information sera nécessaire et suffisante pour établir de nouvelles valeurs. Ils proposent ce qui leur parafât à la fois possible et nécessaire: l'image d'une société transparente. Dans cette société, tout se répercuterait aussitôt dans les moindres détails des périphéries aux centres, et des centres jusque dans les périphéries les plus lointaines. Pas d'ombres ni de coins sombres ni de "niches" dans cette pratique parfaite. Pas de secret ni honteux ni discret. L'information socialisée aboutirait à une société "intégralement planifiée, où le centre recevrait de chaque cellule de base des messages corrects sur son échelle de préférence" de sorte que la culture et l'information, rendant chaque individu conscient des contraintes générales et collective, "auraient même structure et même orientation" (cf. Rapport Nora-Minc p. 122). Il ne s'agit pas seulement d'une idéologie mais d'une mythologie scientiste et d'une utopie dangereuse, d'autant plus que le développement technique de "l'audit" destiné au contrôle interne des entreprises peut s'étendre jusqu'au contrôle global de toutes [es organisations, jusqu'à l'ensemble des réseaux de communication. L'audit vise expressément et rationnellement l'adéquation des moyens aux buts dans une efficacité qui élimine toute perturbation.
Les idéologues de l'information donnent la somme de leurs techniques pour une science objective: pour une activité d'ensemble capable d'atteindre la totalité du réel social, de la maîtriser et de la gérer. Ils ne pensent pas qu'ils interprètent des données mais croient parvenir à l'objectivité véritable dans le domaine social. Ils ne veulent pas reconnaître qu'ils présentent ou représentent eux-mêmes un projet politique.
Subordonner à des facteurs techniques les faits sociaux et politiques, n'est-ce pas une attitude politique? Techniciser le politique et le social au lieu de socialiser et de politiser le technologique, c'est à mon avis une attitude politique, faussement objective: une idéologie qui se donne pour science. Cette affirmation ne résoud pas (cf. les recherches déjà mentionnées de Grémion et Jamous) le difficile problème des rapports entre changement technique et changement social, mais interdit de prendre pour solution ce qui pose le problème.
La maîtrise de l'informationnel implique une critique approfondie du concept et de la pratique. Ceux-là mêmes qui développent le point de vue techniciste laissent lieu et place aux "cellules de base" et aux "micro-sociétés". Ils se prononcent pour un type décentralisé de société tout en faisant une confiance absolue à l'informationnel. Leurs bonnes intentions ne font aucun doute; mais ils admettent implicitement l'élimination de la pensée critique. Ce qui rend plus significatif encore la pratique politique. On poursuit en France au nom d'un monopole d'Etat les tentatives de radios indépendantes, alors que l'expérience de Radio-Lorraine "Cur d'acier" montre l'intérêt d'émissions libres faites et contrôlées par des travailleurs pour la défense de leur région. L'expérience de Radio-Alice montre d'autres aspects des émissions libres; ce qui s'exprime en termes que beaucoup ont trouvé excessifs: "le désir se donne une voix".. (cf. "Radio-Alice" laboratoire de sociologie de la connaissance, Université Paris VlII, 1977).
L'informationnel sans limites et sans critique est réducteur de la connaissance comme de la spontanéité. Connaître, ce n'est plus employer les concepts élaborés par une activité spécifique, c'est seulement recevoir et retenir de l'information. Le concept de la connaissance s'estompe; éventuellement il disparaît.
Or l'information se dégrade. D'où l'exigence de dispositifs résistant à la dégradation par l'affirmation de l'identité. L'identité proclame qu'elle résiste à la différence comme à la dégradation.
Reste une interrogation cruciale. L'informationnel est-il producteur ou créateur? Se contente-t-il de véhiculer des aperçus sur l'existant ou bien lui ajoute-t-il quelque chose qui le modifie et qui introduit du nouveau? Historiquement il est difficile de réfuter la thèse de MacLuhan sur le rôle créatif des communications: l'alphabet phonétique, l'imprimerie, etc... Mais l'on peut penser aussi que cette capacité créatrice décline peu à peu avec le chemin de fer, l'auto, l'avion, les media au XXIème siècle et enfin l'informationnel. Entropie? Peut-être.
S'il on admet la dissociation de l'activité productive en matérielle (agricole et industrielle) et informationnelle (non pas "spirituelle" ou "superstructurelle") on aboutit à cette conclusion que le second secteur croit plus rapidement que le premier; il tend donc à l'encombrer et à la limite à le paralyser. Les théoriciens annoncent donc une crise de l'information dans une société par ailleurs en état critique. Ce serait un cas particulier et particulièrement grave de l'entropie. La capacité de travail utile (productif) diminuerait lorsque la puissance dissipée s'élève à la moitié de la puissance globalement consommée. Il y aurait un seuil (travaux de llya Prigoline, Prix Nobel 1977).
Les linguistes ont dû admettre l'existence de niveaux: i'infra-linguistique et le supralinguistique. De même ne faut-il pas admettre un en-deçà de l'informationnel (le spontané) et un au-delà (la connaissance élaborée)? Les théoriciens technocratiques de l'information en font la forme supérieure du savoir destinée à l'absorber à l'échelle mondiale. Or l'information n'est qu'un élément de la connaissance, élément nécessaire mais brut, non élaboré conceptuellement et non passé par la pensée critique.
Une entreprise de réduction et de destruction se déploie à l'échelle mondiale, entreprise menée avec des moyens formidables. En même temps elle cherche à étendre au monde entier des techniques produites par les pays les plus développés et elle détruit par le fondement le Lagos sans profit pour personne. Elle ne le dépasse pas mais l'attaque du dedans, en son propre nom en le décomposant. Cette négativité qui se donne pour positivité parfaite est particulièrement nocive. L'idéologie et l'idéalisme informationnels agissent dans le sens de la dislocation à la fois pour la problématique politique et pour la quotidienneté technicisée, en supprimant précisément tous les problèmes. Or c'est à l'échelle mondiale que la situation se dévoile et qu'elle déploie tous ces risques.
Réduire, simplifier pour dominer, tel est le but à la fois des terminologies spécialisées, des logiques particulières, des rationalisations à allure scientifique.
Le secret et la transparence? Paradoxalement il faut attaquer le secret contre ceux qui l'utilisent pour régner (secrets politiques, diplomatiques, et financiers) - et le défendre contre ceux qui veulent l'abolir pour régner par d'autres méthodes plus sophistiquées. Mais ce n'est pas le même secret. Les secrets de la vie personnelle et affective, il faut absolument les protéger et les sauver.
3. Globalisme et Pluralisme
Les technologies posent sans le résoudre le problème essentiel qui oblige à un choix; à une option politique. Autrement dit la nécessité (ici l'unification inévitable des réseaux à l'échelle mondiale) ne s'étend pas jusqu'aux possibilités; elle les fait naître; elle suscite une problématique, posée et déterminée depuis plusieurs années. Le problème s'énonce ainsi: les systèmes de communication et d'information doivent s'examiner non pas isolément mais dans un contexte social et politique. Ou bien on exige des formes et des forces sociales qu'elles s'adaptent à la technologie, ce qui favorise une structure verticale et centralisée. Ou bien on mise sur l'intensification du social sans hésiter devant les "bruits" et les interventions perturbatrices, ce qui favorise les courants horizontaux. Ou bien le message anonyme, produit industriel, à circulation verticale à la priorité. Ou bien la circulation entre les activités sociales. Ou bien, autre manière de s'exprimer, l'information statistique - ou bien l'information service, basée sur l'usage (notion à préciser). Ou bien on vise le réseau mondial totalement intégré - ou bien on vise l'assouplissement du réseau. De toute manière deux types opposés de société se profilent à l'horizon. Il y a conflit donc à la fois exigence d'une option et mouvement dialectique car il va de soi qu'une société décentralisée du point de vue de l'information n'exclut pas absolument la centralité, les messages verticaux. Elle les relativise.
4. La Maîtrise de l'Information
Elle ne peut venir d'une action centralisatrice, d'une structure unitaire. Une telle action ne peut que miser sur la redondance, sur la répétition. Paradoxalement et du seul point de vue scientifique, maîtriser l'information veut dire: intensifier les effets de surprise - diminuer la redondance. Or la surprise ne peut venir que d'en bas.
Il y a plus et mieux à faire qu'à décentraliser techniquement les structures informationnelles en multiples niveaux ou étages ou mailles ou alvéoles. Cette thèse encore technocratique a le mérite de montrer technologiquement les avantages d'une organisation différentielle de l'espace. Elle ne montre pas le fonctionnement autonome des centres partiels et de la base. C'est ainsi que, dans certains schémas politiques, il est question de "contre-pouvoirs" mais ils ne sont là que pour "équilibrer" les pouvoirs politiques réels, c'est-à-dire les centres de décision inattaquables comme tels.
La question reste une question politique fondamentale. Pour maîtriser l'information il faut admettre que la "base," les macro-sociétés, les cellules ou alvéoles (territoriales ou non attachées à un terroir) aient une activité et une force propres, une capacité de contrôle et d'auto-détermination. La maîtrise de l'information est un problème de démocratie politique.
Nous retrouvons ici la grande problématique de l'autogestion. L'information fournit peut être un critère à côté de la production et du marché. Comment discerner des simulacres d'autogestion les conditions réelles de son efficacité? Quelle part ont ou auront les organismes de base (entreprises et communautés territoriales) dans la production, la gestion, et l'usage de l'informationnel? L'autogestion ne peut que se valoriser et prendre un contenu plus concret dans la problématique de l'informationnel.
5. Citoyens et Usagers
Un grand combat idéologique et politique se déroule autour de ces concepts. Comme l'ont remarqué des observateurs et analystes objectifs, l'usager tend à remplacer le citoyen. Celui-ci n'est guère plus qu'une abstraction politique; ses "droits," depuis longtemps fictifs en grande partie, s'amenuisent, véritable peau de chagrin. L'usager seul aurait une existence pratique. Il emploie tel ou tel "service" public ou privé. Il les emploie tous tour à tour et les réunit dans l'usage.
Ce concept relativement nouveau a une belle carière. Au début il a engendré quelques illusions et il a pu passer pour restitution de la "valeur d'usage" dominée par la "valeur d'échange." L'usager a des besoins "réels," les plus réels n'étant pas des produits de la publicité. Il a sa place nécessaire dans toutes les fonctions: transports, achats et ventes, communications et informations.
Or le concept d'usager devient de plus en plus suspect. Non sans raison. Le citoyen? C'est un concept politique. L'usager? Ce n'est qu'un concept fonctionnel ouvertement dépolitisé. Il sert d'instrument idéologique pour saper par la base la théorie et la pratique de la citoyenneté et des "droits" de l'homme et du citoyen, fondement de la démocratie.
Pour satisfaire l'usager, il suffirait de faire fonctionner "normalement" tous les services. Au nom de l'usager on pourrait exiger un fonctionnement "normal," ce qui met en question le droit de grève.
Les dangers de la situation sont donc multiples, ils ne sont pas seulement en provenance de l'utilisation étatique de l'informationnel. L'emploi commercial de l'information jusque dans l'industrie culturelle est gros d'autres dangers. On va produire industriellement et culturellement en fonction des besoins et désirs du public, c'est-à-dire d'usagers déterminés. On étudie déjà les goûts des usagers pris dans les classes moyennes; des "groupes-cibles" délimités à caractères en tous points moyens et banals fournissent des modèles de consommation matérielle et culturelle standardisée. Ces modèles servent de critère. Les comportements et mécanismes psychosociologiques des usagers deviennent ainsi des moyens de domination. Pourtant, dans l'informationnel l'usage et l'usager "à plein-temps" ne regagnentils pas une capacité revendicative qui excède le simple fonctionnement? En effet les usagers exigent le qualitatif.
Par là l'usager retrouve le citoyen. L'unité de ces deux concepts, dans la pratique sociale et dans la vie politique, pourrait éventuellement les restituer, les consolider, et les enrichir l'un par l'autre.
C'est en France, semble-t-il, que paraissent avec le plus de force les menaces et dangers et par conséquent les problèmes de l'informationnel. Ces menaces ne transparaissent guère dans les colloques officiels consacrés à l'informatique et à la société. Par contre elles sont soulignées avec beaucoup de clarté dans des publications officieuses, par exemple le rapport d'activité du CORDES (commissariat au plan) en 1978. On lit (pp. 147 - 148) dans le résumé d'une recherche poursuivie par un groupe scientifique de Grenoble: "La machinerie des appareils d'information français reproduit les caractères de l'appareil d'Etat français. Elle est étatiste et centralisée; elle est dominée par le Ministère des finances..." Au lieu d'aller vers la transparence cette machine aggrave la société du secret. Cette structure explique pour une part l'abandon par les planificateurs d'une perspective axée sur l'action sociale. Cet abandon apparaît aux enquêteurs comme un aspect d'un tournant stratégique pendant l'élaboration du Vllième plan: le repli de la planification sociale sur l'appareil d'Etat, c'est-à-dire sur la régulation macro-économique, via la simulation auprès des partenaires sociaux que l'on connaît sous le nom de "concertation." Ce qui a déjà des conséquences graves dans certains domaines sociaux comme la santé publique. Le caractère ponctuel et limité de la participation des syndicats, ajoutent ces enquêteurs, a laissé le champ libre aux affrontements entre les administrations.
Il existe donc déjà en France une structure de l'appareil informationnel. Elle agit invisiblement et profondément. Sans doute pourrait-elle éclater sous la pression économique, sociale, et politique d'éléments nouveaux. Mais pourrait-il s'agir d'une simple réforme?
L'exigence de décentralisation va beaucoup plus loin que ne le pensent ceux qui proposent cette décentralisation avec des arguments technologiques. Elle implique un projet global. Son accomplissement ne suppose pas seulement des décisions d'ordre gouvernemental. Elle implique une action politique réelle, c'est-à-dire des luttes politiques très concrètes. La base ne se fraie sa voie que par des actions efficaces. Il y a beaucoup de chances pour que les sommets (politiques, étatiques) n'admettent la décentralisation, les différences affirmées, le pluralisme, les microsociétés, que contraints et forcés. Comment? Par la démocratie, c'est-à-dire par la lutte pour la démocratie. En effet la démocratie ne se définit pas par une statique, par une stabilité ou un équilibre, mais comme une dynamique et un mouvement, par une conquête et une reconquête incessantes.
La technique en elle-même a des exigences mais aussi des limites. En elle et par elle se déclare le nécessaire. Celui-ci ne se ferme pas, ne se constitue pas malgré les prétentions de certains technocrates en système achevé. Loin de là: elle ouvre des possibilités, elle s'ouvre vers des possibilités diverses, voire contradictoires. Quant à la production par la seule technique d'une sorte d'organisme mondial, ce rêve ne résiste pas à l'analyse.
Le combat politique pour les différences devient fondamental à tous les niveaux - non sans filtrage des prétentions à la différence et sans sévère analyse critique. Pas n'importe quoi ni n'importe qui!
La mondialisation qui se forme suscite à la fois la réflexion sur le nécessaire, la méditation sur le possible, et parfois l'imaginaire le plus délirant. La mort de la planète Terre et l'horizon merveilleux de l'homme planétaire vont ensemble. L'homogénéité du mondial ne doit pas omnubiler mais au contraire susciter la formation de l'hétérogène ou "hétérologique" (terme emprunté à Georges Bataille).
Le mondial se dégage ainsi comme scène et scénario du possible.