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Incidence des systèmes agricoles et du développement rural sur les forets du Nigeria

Bede N. Okigbo
Institut international d'Agriculture tropicale, Ibadan. Nigeria

Résumé

L'agriculture reste le mode d'existence prédominant au Nigeria, en dépit de la croissance rapide des zones urbaines et de l'élargissement de l'écart entre villes et campagnes en ce qui concerne les revenus et les services. Les différents types d'exploitations agricoles traditionnelles sont commentés ici, notamment en ce qui concerne leurs interactions avec la forêt. Le processus d'intensification de l'agriculture, depuis la culture itinérante jusqu'à l'agriculture sédentaire du sud-ouest du Nigeria, est décrit, l'accent étant mis particulièrement sur les espèces ligneuses et pérennes des clos familiaux. D'autres formes possibles. telles que l'horticulture spécialisée et l'élevage sont brièvement examinées du point de vue de leur incidence sur la forêt dense tropicale. Des recommandations sont ensuite formulées concernant le cours futur du développement agricole.

Introduction

Les forêts constituent des unités tridimensionnelles de la biosphère, renfermant une biomasse végétale dont le climax est dominé par les arbres. La forêt ombrophile tropicale (forêt tropicale humide ou forêt dense tropicale) est la végétation climacique dans les zones à température, humidité et pluviométrie constamment élevées, les précipitations étant généralement supérieures à l'évapotranspiration pendant plus de la moitié de l'année (Bene et al., 1977). Environ 27 pour cent des forêts tropicales humides du globe se situent en Afrique (Bene et al., 1977); ce type de forêt représenterait 31 pour cent des superficies boisées du Nigeria (Redhead, 1970). La forêt dense humide est généralement une formation végétale comprenant une grande diversité d'espèces - dont la plupart sont des arbres en association avec des espèces arbustives et herbacées - disposées en un certain nombre de strates, au milieu desquelles, et en dépendant mécaniquement, se trouvent des lianes grimpantes et étrangleuses, et des épiphytes, en plus des espèces hétérotrophes (saprophytes et parasites), toutes ces espèces étant, dans des circonstances normales, en équilibre avec leur milieu sous l'effet de la concurrence, de l'interdépendance et de la complémentarité (Richards, 1952; Walter, 1971). En tant qu'unité de végétation, la forêt dense zonale, bien qu'étant en relation étroite avec le climat, le sol et la pluviométrie de la région, peut varier dans sa composition spécifique, son extension et ses caractéristiques morphologiques, sous l'influence des facteurs édaphiques.

Une exploitation agricole (ou un système agricole) est constituée par une entreprise dans laquelle un ensemble de facteurs de production et de ressources est orchestré uniquement par les agriculteurs en vue d'atteindre un ou plusieurs objectifs déterminés dans un ensemble donné de conditions écologiques (Okigbo, 1978). Dans le contexte nigérien, l'exploitation peut être une entreprise ou activité intéressant un ou plusieurs individus généralement une unité familiale - tous ou seulement certains d'entre eux participant pendant une partie ou la plupart du temps aux travaux agricoles. Dans les systèmes agricoles traditionnels complexes d'Afrique tropicale, un système agricole spécifique se compose d'un ou plusieurs soussystèmes, dont chacun se différencie des autres par les éléments physico-chimiques (sol, eau, climat, éléments nutritifs), biologiques (plantes cultivées, animaux, parasites), socio-économiques (main-d'œuvre, débouchés, préférences, religion), technologiques (outils, machines, méthodes) et gestionnaires (niveau de connaissances, prise de décisions) en jeu. En conséquence. un système ou sous système agricole donné est particulier à la localité, sous l'aspect des ensembles d'éléments mis en jeu en vue d'atteindre les objectifs désirés.

Bien que le taux annuel d'accroissement de la population urbaine soit en moyenne, en Afrique occidentale, supérieur à 5 pour cent, la population du Nigeria reste essentiellement rurale, 12 pour cent seulement vivant dans des villes de plus de 20 000 habitants (Unesco, 1976). Durant la période coloniale, et plus encore depuis l'indépendance, la pression de la modernisation a eu pour résultat une forte priorité donnée à l'industrialisation et au développement du secteur non agricole de l'économie. L'agriculture, qui est l'activité et le mode de vie dominants pour plus de 80 pour cent de la population nigériane, a également connu une évolution et des changements importants par suite de la colonisation, de la pression démographique, de l'introduction de nouvelles cultures et de nouvelles techniques, et de l'accroissement de la commercialisation. Les changements dans les activités agricoles et non agricoles entraînent une interaction entre milieu, économie et société, qui donne naissance à des problèmes relatifs aux ressources et à l'environnement (Knight et Newman, 1976; Knight, 1976). Par suite des priorités plus importantes données aux secteurs industriel et non agricole, des revenus plus élevés qui en résultaient, et sans doute aussi de la plus grande complexité des processus biologiques entrant en jeu dans la production agricole, beaucoup moins de progrès ont été réalisés dans l'agriculture. En conséquence, l'écart s'élargit entre riches et pauvres, et entre zones rurales et centres urbains. Le développement rural est le processus qui permet de corriger ce déséquilibre en améliorant la qualité de la vie et l'environnement rural grâce à un meilleur aménagement et une meilleure utilisation des ressources. Les actions de développement et de modernisation de l'agriculture et de la vie rurale peuvent être concurrentielles, complémentaires, ou les deux, vis-à-vis de celles menées dans les secteurs industriel et non agricole. Toutes les actions en jeu peuvent avoir des effets défavorables sur l'écosystème forestier.

FIG. 1. Représentation schématique d'exploitations agricoles traditionnelles de la zone tropicale humide d'Afrique occidentale, avec plantation autour de la ferme d'habitation et champs associés.

Systèmes agricoles et écosystème forestier dans les zones de forêt dense humide du Nigeria

Selon Okigbo et Greenland (1976), une représentation simplifiée de l'agriculture traditionnelle dans les zones de forêt dense du Nigeria considérerait chaque exploitation familiale comme constituée par un ensemble plus ou moins concentrique de champs sur lesquels sont pratiquées diverses méthodes de maintien de la fertilité ou de jachère, divers systèmes de défrichement, pour la production de cultures variées selon différents assolements et successions (fig. 1). Chaque champ diffère des autres par la durée de la jachère, le nombre d'espèces cultivées, et la distance de la ferme d'habitation. Plus il en est éloigné, et plus la période de jachère s'allonge, plus le nombre de cultures pratiquées diminue, et plus on laisse sélectivement des végétaux sauvages protégés ou utiles parsemés dans le champ lors du défrichement.

A la différence des fermes des pays développés de la zone tempérée, l'exploitation agricole des régions humides d'Afrique occidentale est extrêmement complexe. Une exploitation familiale typique comprendra par exemple un clos autour de l'habitation, plusieurs groupes de champs avec des combinaisons différentes de cultures vivrières ou commerciales, des petites parcelles de cultures arboricoles et potagères dans des situations topographiques particulières, et des cultures non vivrières mêlées aux cultures vivrières, La même famille pourra pratiquer l'agriculture de décrue près d'un cours d'eau, en ayant toujours en outre du bétail dans la ferme et autour, en association avec la production végétale.

La chasse et la cueillette continuent d'être associées à la production agricole dans le Nigeria d'aujourd'hui. Cependant, le degré de dépendance vis-à-vis de la chasse, de la pêche et de la cueillette des plantes sauvages varie considérablement d'une localité à une autre en fonction de la pression démographique et des effets défavorables qui en résultent pour les forêts et pour la faune sauvage.

Richards (1952), Adejuwon (1971) et Whyte (1974) ont observé que la dégradation initiale et la rupture des écosystèmes forestiers se produisent à la suite du défrichement et de la culture, mais qu'habituellement la végétation forestière se régénère au cours d'une longue période de jachère, ce qui, selon Nye et Greenland (1960), peut prendre plus de cinq ans. La mesure dans laquelle la forêt défrichée évolue en savane boisée avec une forte proportion de graminées dépend de la fréquence des feux auxquels est soumise la végétation. Parfois l'exploitation minière ou l'érosion en nappe peuvent produire des effets comparables à ceux de feux fréquents.

Okigbo (1977) présente une liste des activités humaines associées aux différents systèmes agricoles, comprenant: défrichement de la brousse, brûlage de la végétation, mise en jachère, préparation du sol, fumure. désherbage. assolement, pâturage, parcage du bétail, récolte. Ces pratiques déterminent le degré de danger d'érosion lié aux systèmes culturaux, la nature et l'importance des modifications du couvert végétal, le modèle d'utilisation des terres. et en définitive le paysage agricole de la région.

En règle générale, la pratique régulière de cultures labourées est préjudiciable au recrû forestier, à moins que le cycle d'utilisation du sol ne comprenne de longues périodes de jachère. Les différentes pratiques associées aux différents systèmes culturaux déterminent l'ampleur et le type de l'érosion qui se produira et les effets défavorables sur les relations sol-plante-eau, pouvant se traduire par une dégradation du sol. Les effets peuvent ne pas se limiter aux terrains où s'exercent ces pratiques, mais s'étendre aux terres non agricoles voisines.

Dans les tropiques humides, où la densité de population est faible, de longues périodes de jachère ont pour résultat une végétation de forêt secondaire qui en général n'atteint jamais la maturité en raison de successions continuelles de défrichement et de culture. La culture itinérante classique, dans laquelle l'habitation se déplace périodiquement avec les champs, et où la forêt se rétablit aisément après chaque phase de culture, ne se rencontre plus dans la région de forêt dense du Nigeria en raison des densités de population relativement élevées. Même lorsque la jachère est de longue durée, l'introduction du défrichement mécanisé a pour résultat l'installation d'une végétation de jachère forestière médiocre.

Culture itinérante et clos familiaux

Le système de la jachère arbustive est une version moderne de la culture itinérante; elle a pour résultat des taches isolées de brousse secondaire à divers stades de régénération. La végétation climacique qui s'installe n'atteint jamais le même degré de maturité que dans la forme précédente de culture, où les jachères sont plus longues. Toutefois, étant donné que ce système est associé à une agriculture sédentaire. Ia végétation des clos situés autour des fermes d'habitation est plus évoluée, et se rapproche des conditions de la brousse secondaire. Habituellement des arbres d'espèces choisies et en nombre déterminé poussent dans le clos et dans les champs périphériques. mais la proportion des arbres peut être bien inférieure à 50 pour cent des espèces végétales par unité de surface. Ce système agricole a pour résultat un remplacement progressif des écosystèmes forestiers par des clos autour des habitations et des champs plus couverts à divers stades de repousse de la brousse secondaire.

Dans les cultures sédentaires rudimentaires, les clos familiaux sont généralement bien développés et, bien qu'ayant une diversité spécifique beaucoup moins élevée, ils se rapprochent des conditions de l'écosystème de forêt dense là où la pluviométrie, les caractéristiques du sol et les pratiques culturales le permettent. La production agricole dans les champs associés aux clos est généralement plus intensive que dans la culture itinérante avec jachère forestière, et les arbres et arbustes protégés pourront être moins nombreux dans les champs éloignés. Il en résulte également des fermes en clos isolés, avec une mosaique de cultures arboricoles et de cultures labourées entremêlées de champs plus ouverts de cultures labourées, ceux-ci devenant totalement dépourvus d'arbres et d'arbustes là où l'on utilise des techniques et des machines agricoles plus modernes.

Dans l'agriculture sédentaire intensive, le système de plantation en clos est développé au plus haut point, et la fertilité est maintenue par l'emploi de déchets ménagers et de résidus végétaux provenant du clos lui-même ou apportés des champs et des jachères alentour. Dans le sud-est du Nigeria, la population animale s'accroît en même temps que la population humaine, et le bétail intervient également dans le recyclage des éléments nutritifs. Plusieurs clos et champs contigus peuvent se rejoindre pour former des écosystèmes de palmier à huile ou de brousse secondaire qui couvrent de vastes superficies. C'est là l'origine d'une grande partie des brousses à palmiers à huile du sud-est du Nigeria.

Cultures en terrasses et cultures de plaines inondables

Les cultures en terrasses se rencontrent sur les contreforts du plateau de Bauchi, dans les monts de l'Adamaoua, et dans la région de Maku de la Division d'Awgwu dans l'État d'Anambra. Les plantations arboricoles sont abondantes dans les vallées, sur certaines pentes raides non cultivées, et dans les jardins clos. Les terrasses sont généralement utilisées pour les cultures labourées, les cultures legumières de valeur élevée, et un minimum de plantations arboricoles. La densité de population est généralement élevée, et les jachères pratiquées excèdent rarement deux ans.

L'agriculture de plaines inondables est conditionnée par les dépôts alluviaux pour le maintien de la fertilité du sol. Les agriculteurs qui cultivent sur les berges des grands cours d'eau luttent de vitesse avec les crues pour faire leurs récoltes. En général les forêts ne peuvent se développer dans les plaines inondables en raison de la submersion périodique.

Agriculture mixte

L'agriculture mixte associe le bétail à la production végétale. Les exploitations mixtes classiques, avec du grand bétail employé pour le travail et les transports, sont limitées à la savane. La plupart des systèmes agricoles traditionnels comportent des exploitations mixtes avec des effectifs variés de petit bétail. Il y a toujours un danger de surpâturage, de défrichement des forêts et de feux, étant donné qu'aucun système efficace n'a été mis au point pour faire pousser des arbres et arbustes fourragers en vue d'une production animale intensive et régulière. Certaines des parties les plus érodées et ravinées de l'État d'Anambra sont des zones où des bovins de race naine et du petit bétail sont maintenus sur des terrains dont les caractéristiques physiques les rendent très sensibles à l'érosion lorsqu'il n'y a pas un couvert végétal suffisant.

Production animale intensive

L'élevage intensif de volailles, porcs et vaches laitières est également pratiqué. Les volailles ne présentent pas un grave danger pour la végétation, sinon dans la mesure où les forêts pourraient être défrichées pour faire place à des cultures, telles que le mais, destinées à les nourrir. Les systèmes de production intensive de porcs et de bovins comportent des cultures destinées à leur alimentation, et l'entretien d'herbages. Étant donné qu'il s'agit habituellement de cultures continues, le couvert forestier est en général totalement éliminé. Il faut cependant une bonne gestion des pâturages et des cultures pour maintenir une productivité élevée sans avoir à défricher continuellement davantage de surfaces boisées.

Plantations arboricoles à grande échelle

Les plantations à grande échelle ont pour effet de remplacer la diversité spécifique élevée de la forêt dense humide par des monocultures ou des mélanges de deux ou trois cultures arbustives ou arborescentes, comme c'est le cas des cultures caféières ou cacaoyères avec arbres d'ombragé. A moins que le sol ne soit peu fertile et que l'on n'apporte pas d'engrais, il se développe habituellement une végétation qui se rapproche des formations forestières. Un défrichement mécanique de la forêt exécuté sans soin avant la plantation peut avoir pour résultat une dégradation irréversible du sol, un échec de la plantation, et l'envahissement du terrain par de mauvaises herbes telles qu'Eupatorium odoratum.

Horticulture spécialisée

L'horticulture spécialisée peut comporter des cultures d'arbres ou d'arbustes ornementaux, qui par leur physionomie se rapprochent des plantations industrielles. La production maraîchère intensive implique en général une culture permanente, et l'élimination préalable du couvert forestier. Une fumure organique et minérale est habituellement pratiquée, mais là où l'on ne prend pas de mesures adéquates de conservation des sols la dégradation des terres soumises à la culture permanente peut menacer les forêts contiguës aux jardins de légumes ou de plantes ornementales.

Observations génerales sur l'incidence des systèmes agricoles et du développement rural sur les écosystèmes de forêt dense humide

L'incidence des activités humaines sur la végétation, dont la forêt dense humide n'est qu'une partie, dépend du degré d'intensification de la production agricole et des activités économiques telles que défrichement, pâturage, brûlage, exploitation forestière, chasse, cueillette, mines, etc. Dans les tropiques humides, les systèmes agricoles, au fur et à mesure qu'ils s'intensifient et que la commercialisation des produits s'accroît, comportent une culture permanente et une extension continue des surfaces cultivées, sauf dans la mesure où il s'agit d'arbres cultivés en plantations ou en clos familiaux. A l'exception des savanes boisées et herbeuses que l'on trouve dans la zone climatique de la forêt tropicale humide et qui résultent de certains facteurs physiographiques et autres (Adejuwon, 1968, 1971), seules des réserves forestières isolées, représentant environ 2 pour cent de la superficie du Nigeria, se rapprochent de l'écosystème de forêt primaire intacte. Ces vestiges euxmêmes sont menacés d'une exploitation rapide, sans que le reboisement effectif en soit assuré. En conséquence, le long des parallèles 6°7°1/2 N. et même au-dessous, les densités de population élevées et les activités agricoles ont entraîné le remplacement de la forêt dense par une brousse secondaire. Dans la plus grande partie du sud-est du Nigeria, celle-ci est constituée par des brousses de palmier à huile et des jachères arbustives spontanées ou plantées à différents stades d'évolution, selon le nombre d'années écoulées depuis la dernière culture.

Les jachères forestières en plein développement, âgées de cinq à dix ans, dans le sud-est du Nigeria, se composent d'arbustes et de jeunes arbres, avec des graminées et des plantes herbacées. La hauteur du couvert varie de 2,5 à 5 m, avec Alchornea cordifolia, Acioa barteri, Anthonotha macrophylla comme espèces dominantes; parmi les espèces abondantes on trouve Harungana madagascariensis, Dialium guineense, Crestis ferruginea et une soixantaine d'autres espèces (Obi et Tuley, 1973). Çà et là des émergents à croissance rapide, indicateurs de recrû de forêt dense, tels que Musanga cecropiaides (parasolier) et Anthocteista spp., dépassent la hauteur plus ou moins uniforme de 3 à 5 m. Là où il y a eu culture excessive et perte de fertilité du sol, se développe une flore mélangée de graminées et dicotylédones herbacées dans laquelle les espèces dominantes pourront être Eupatorium odoratum, Panicum maximum, Andropogon tectorum, Mikania cordata, des légumineuses telles que Centrosema et Pueraria, Imperata cylindrica, et des successions comprenant Melinis minutiflora, Pennisetum pedicellatum, Axonopos compressus, Schizachyrium brevifolium, Brachiaria spp., aboutissant plus tard, dans certaines stations, à l'apparition de Pteridium aquilinum (Obi et Tuley, 1973). Les jachères forestières sont les plus développées en dehors des clos familiaux, avec un agro-écosystème composé d'arbres utiles tels que palmier à huile, cocotier, Cola spp., etc.

Habituellement le clos familial comprend des végétaux qui, dans les conditions naturelles, ne se trouvent pas ensemble - comme par exemple Pandanus candelabrum et Raphia spp. Certains des arbres du clos fournissent un support à des lianes ligneuses utiles telles que Landolphia owariensis, Tetracarpidium conophorum, et même Strophanthus spp. qui servent à des usages médicinaux. Le système de fermes-clos dans l'État de Bendel ressemble à ceux du sud-est du Nigeria, mais en général les palmiers à huile et les jachères arbustives plantées ou spontanées sont remplacés par des jachères boisées plus denses ou par la forêt secondaire. On trouve encore de vastes superficies de brousse secondaire avec des arbres de plus de 20 à 30 mètres. Dans l'État de Bendel on trouve des plantations arboricoles de palmier à huile et d'hévéa et, dans une certaine proportion, de cacaoyer. Dans les États d'Ondo, Ogun et Oyo on trouve des plantations de cacaoyer et de colatier, mais l'urbanisation y est plus accentuée, et les systèmes de fermes-clos ne sont pas aussi élaborés que dans le sud-est du Nigeria. Certaines des plantations de cacaoyer ont des arbres d'ombragé tels qu'Albizzia spp. et Terminalia spp.; dans les jeunes cacaoyères on peut trouver des bananiers plantain en mélange avec le cacaoyer. A la périphérie des centres urbains et dans les zones rurales, les fermes-clos comprennent des plantations arborescentes en mélange complexe avec cacaoyer, agrumes, caféier, colatier, manguier, bananier.

Les systèmes de production traditionnels sont donc progressivement remplacés par des jachères arbustives en rotation, et des systèmes de culture semi-permanents et permanents. Par conséquent, le paysage agricole de la plus grande partie de la zone de forêt dense du Nigeria montre une disparition rapide de la végétation zonale de forêt sempervirente et décidue, du fait que l'augmentation de la production agricole est obtenue par un accroissement des surfaces cultivées aux dépens de l'écosystème forestier. En outre, l'aménagement et l'exploitation des forêts du Nigeria laissent beaucoup à désirer.

Recommandations

L'accroissement de la production alimentaire est d'importance vitale pour le progrès économique au Nigeria, et l'alimentation de sa population en expansion rapide ne pourra pas être efficacement réalisée et maintenue en s'appuyant sur des techniques qui se limitent à l'extension des surfaces cultivées. Une stratégie appropriée devrait faire appel à des techniques de production agricole améliorées qui accroissent les rendements sur les petites exploitations, et mettent l'accent sur l'utilisation multiple des terres. Il faut également développer des systèmes permanents de production vivrière qui réduisent efficacement la durée des jachères et libèrent davantage de terres pour la production agricole et d'autres utilisations, telles que les plantations forestières. En outre. la politique à adopter devra viser à planifier et réaliser le développement agricole, l'industrialisation et le développement rural comme un tout intégré, avec pour objectif un aménagement et une utilisation efficaces des ressources, pour un minimum d'effets défavorables sur l'environnement. Un des moyens d'y parvenir est la mise en valeur intégrée, dans laquelle les bassins versants constituent des unités de mise en valeur agricole de manière telle que les différentes cultures, y compris les arbres, sont implantées dans les séries topographiques auxquelles elles sont le mieux adaptées.

Tout ce qui précède suppose que l'on fasse des efforts en matière d'éducation et de recherche pour parvenir à éliminer les pratiques culturales qui ont des effets défavorables sur l'environnement, telles que l'arrachage de toute végétation dans les cours d'habitation, les marchés, les camps militaires, et en même temps à conserver et améliorer scientifiquement des pratiques traditionnelles écologiquement saines, telles que certains aspects des cultures mixtes dans les petites exploitations. Les paysages agricoles actuels, dans de nombreuses régions du Nigeria, sont l'aboutissement des interactions entre humains et environnement. L'observation continue et l'évaluation des effets des activités humaines sur l'écosystème forestier sont indispensables si l'on veut entreprendre en temps voulu des interventions efficaces pour maintenir un environnement favorable tout en réalisant un développement rapide de l'économie du pays et des zones rurales.

 

Cultures mixtes dans les systèmes traditionnels

Akinola A. Agboola
Professeur de fertilité des sols et systèmes agricoles, Département d'agronomie, Université d'lbadan (Nigeria)

Résumé

Le système cultural traditionnel est stable, parce qu'il est adapté au niveau technique des agriculteurs et aux aptitudes des sols. Il comporte des cultures mixtes et une jachère forestière, et fournit un revenu total élevé par unité de surface En outre, les cultures en mélange répondent aux préoccupations de sécurité des agriculteurs. Leurs systèmes actuels sont le résultat d'une évolution naturelle en réponse aux contraintes du milieu dans lequel ils vivent.

Les chercheurs hésitent à se lancer dans des expérimentations sur les cultures multiples en général, et sur l'agroforesterie en particulier, en raison de l'infinité de combinaisons possibles, du manque de connaissances sur les systèmes existants, et de la séparation traditionnelle entre agriculture et forêt. D'autre part, les cultures multiples sont associées à une agriculture non mécanisée et à des rendements faibles; la recherche sur les cultures multiples et en mélange doit être axée sur l'accroissement de laproductivité et des revenus tant des cultures agricoles que des produits forestiers. Le système d'agroforesterie paysanne doit être amélioré, et les chercheurs doivent développer des combinaisons de cultures agricoles et d'arbres à croissance rapide qui puissent être aisément adaptées par les petits agriculteurs.

Les systèmes culturaux traditionnels se perpétueront jusqu'à ce que s'élaborent d'autres systèmes qui répondent à l'état actuel des techniques et aux contraintes du milieu, et en même temps maintiennent des rendements élevés. L'auteur estime que la recherche agroforestière est susceptible d'offrir à bref délai de nouvelles formules viables.

Introduction

On peut définir un système agricole comme étant la distribution de végétaux et d'animaux dans l'espace et dans le temps et la combinaison de facteurs de production que l'on estime devoir fournir une production maximale dans un certain contexte socio-économique, politique et culturel.

En Afrique, chaque agriculteur ou famille d'agriculteurs exploite en général une petite entreprise agricole diversifiée. Selon Okigbo (1978), un agriculteur dont la ferme occupe un emplacement surélevé bien drainé pourra avoir un clos familial ou un jardin près de son habitation, et deux ou plusieurs parcelles cultivées selon un système comportant une jachère spontanée ou plantée, et d'autres dans la plaine inondable d'un cours d'eau voisin. Il pourra également entretenir des porcs, des chèvres, des moutons, des volailles, pour le fumier, la viande, la vente, etc.; il se peut qu'il soit en même temps fabricant de vin de palme, vannier. musicien, prêtre de la religion traditionnelle. Les mélanges de cultures comprennent souvent des aliments de base, des légumes et des condiments en relais multiple, et une mosaïque de cultures annuelles, pérennes, ou les deux à la fois. Le clos ou jardin familial renferme en général un plus grand nombre d'espèces cultivées que les exploitations avec jachère forestière.

La tradition la plus courante dans les systèmes agricoles africains est la disposition spatiale des cultures dans le champ. Elles sont établies au hasard dans les plantations mixtes (Okigbo et Greenland, 1975), les objectifs recherchés étant de mettre à profit la topographie locale et le microrelief, répartir les différentes espèces à écartements assez larges afin qu'elles ne se concurrencent pas pour les éléments nutritifs et la lumière, assurer une couverture du sol suffisante pour éviter l'érosion et les mauvaises herbes, et enfin faire en sorte que les besoins en radiation solaire de chaque espèce soient satisfaits. Lorsque des cultures vivrières annuelles sont installées uniformément dans les plantations arboricoles, celles-ci sont en générai fortement élaguées afin qu'il parvienne suffisamment de lumière au niveau du sol. Que les cultures soient faites sur buttes, planches, bilions, ou à plat, leur disposition spatiale et leur fréquence dans les mélanges indiquent leur importance dans le régime alimentaire et parfois leurs usages.

Cultures intercalaires et cultures multiples

La présence simultanée de différentes cultures sur la même surface de terrain a été décrite indifféremment comme cultures mixtes ou cultures alternées Dar Webster et Wilson (1966) et par Norman (1971). Ruthenberg (1976), pour sa part, fait une distinction entre ces deux termes en fonction de la façon dont les cultures sont disposées dans le mélange.

Le terme de cultures alternées à été généralement employé dans la littérature pour désigner des cultures pratiquées simultanément à des emplacements différents mais proches (Okigbo, 1978). Grimes (1963) en définit une forme courante, qui est la culture en rangs alternés. Elle se pratique couramment dans les terres labourées, les cultures annuelles étant souvent installées sous les cultures pérennes. Par exemple, on plante des cultures hautes telles que manioc ou bananier dans les jeunes plantations de caféier, cacaoyer ou hévéa (Sanchez, 1979).

Dans les cultures multiples, Herrera et Harwood (1973) indiquent que chaque type de mélange de cultures présente des caractéristiques physiologiques et des avantages différents. Norman (1974) montre par exemple que, bien qu'il y ait au moins 156 mélanges de cultures et de nombreux dispositifs spatiaux chez les agriculteurs Haoussas près de Zaria (Nigeria), le dispositif le plus en vogue est un arrangement systématique sur bilions. Avec l'intensification de la culture, les interactions entre plantes deviennent critiques. Les systèmes de cultures multiples les plus répandus dans les tropiques humides sont les cultures mixtes alternées et les cultures en relais

Les cultures mixtes alternées sont courantes là où l'on cultive ensemble céréales, légumineuses à graines et racines comestibles avec peu ou pas de travail du sol. Les agriculteurs du Sud Nigeria, par exemple, plantent simultanément mais, manioc, légumes et tara. En pays abakaliki au Nigeria, on pratique les cultures mixtes sur buttes ou bilions confectionnés à la houe. Plusieurs plantes sont cultivées en différents points de la butte. C'est ainsi qu'un agriculteur abakaliki plantera des taros sur la butte, du riz dans les sillons, du mais, des gombos et du manioc à la partie basse de la butte. Le buttage a pour avantage d'accroître le volume de terre à la disposition des plantes à racines.

La culture alternée en relais est une pratique dans laquelle une seconde culture est introduite alors que la première est entrée dans sa phase de reproduction, mais n'est pas encore prête à récolter. Un exemple courant est le système mars-haricot en usage dans la plus grande partie de l'Amérique centrale et dans de nombreuses régions d'Amérique du Sud. Le mais est semé en lignes, habituellement au début de la saison des pluies; lorsque les épis sont bien formés, l'agriculteur brise la tige juste audessous, et sème des haricots de variété grimpante. La culture alternée en relais erst également très courante dans les systèmes rizicoles de Taiwan. On peut faire jusqu'à cinq récoltes par an, en deux séries de relais, riz melons suivi de riz, lui-même relayé par choux et mais. On étudie actuellement à l'université d'lbadan la culture en relais mais-manioc, les recherches ayant pour objet les effets sur les éléments nutritifs du sol.

Avantages et inconvénients

Baker et Yusuf (1976) écrivent que la pratique quasi universelle des systèmes culturaux traditionnels par l'agriculture de subsistance à travers le monde indique que ces systèmes se sont développés naturellement en réponse aux contraintes du milieu.

Les mélanges de cultures ont des raisons d'être: ils peuvent être relativement plus profitables que les cultures monospécifiques (Chandra, 1978), la différence entre le produit en argent marginal des ressources et leur coût d'opportunité étant insignifiante (Norman, 1974); ils s'accordent avec les préoccupations de sécurité et les besoins de subsistance tout au long de l'année (Andrew, 1972); ils peuvent atténuer des conditions défavorables dans l'écosystème; et enfin ils peuvent porter au maximum l'espace, l'eau est les éléments nutritifs disponibles. Certains de ces avantages peuvent être encore accrus par de bonnes pratiques de travail du sol, basées sur le principe d'une perturbation minimale du sol et du couvert végétal. Cette pratique de labour minimal, en laissant en surface une grande quantité de résidus de récolte, offre de grandes potentialités.

Bien que les monocultures aient moins tendance à attirer les maladies et les insectes, ceux-ci risquent davantage de pulluler et de causer de grands ravages. Les cultures en mélange peuvent réduire les possibilités d'extension des parasites et des maladies. On a montré par exemple que la culture alternée diminuait les risques dûs à la présence d'insectes dans les mélanges arachide-sorgho et maniocmaïs, et l'incidence de la maladie bactérienne.

La population végétale plus dense que l'on trouve généralement dans les cultures mélangées peut également aider à lutter contre les mauvaises herbes (FAO, 1968). En outre, du fait que les cultures mûrissent à des époques différentes, le mélange peut prolonger la durée de la période pendant laquelle le sol est protégé par le couvert feuille et les systèmes radiculaires (Igbozurike, 1971).

Les systèmes traditionnels présentent des inconvénients: le rendement des cultures qui les composent est moins élevé (Chandra, 1978; Webster et Wilson, 1966; Agboola et Fayemi, 1972); il peut y avoir concurrence pour la lumière, les éléments nutritifs et l'eau (Dalal, 1974; Willey, 1979; Webster et Wilson, 1966); il peut y avoir des effets allélopathiques dus à l'excrétion de substances toxiques par une ou plusieurs des plantes cultivées (Dalal, 1974); ils se prêtent mal à une agriculture moderne ou à la mécanisation, et c'est pourquoi les recherches sur les systèmes traditionnels ont été insuffisantes (Ahmed et Gunasena, 1979); et enfin il est difficile de définir des méthodes de recherche appropriées (Haizel, 1974).

Recherche

Les chercheurs semblent malheureusement avoir hésité à s'attaquer à l'expérimentation sur les cultures multiples en raison des nombreuses combinaisons en usage, et parce que la culture multiple pratiquée par les petits paysans est associée à une agriculture non mécanisée et à de faibles niveaux de rendement. On a exprimé des doutes sur la possibilité d'exploiter les avantages positifs de la culture multiple à un niveau plus avancé d'agriculture. Les tentatives d'amélioration de la production par l'application de techniques développées dans l'agriculture des pays tempérés ont échoué au Nigeria et dans la plupart des autres pays tropicaux, non pas à cause du conservatisme des agriculteurs, mais parce que l'approche était inadéquate.

On a observé que les agriculteurs des tropiques cultivaient des mélanges complexes de plantes dans des clos familiaux, en particulier dans les zones de forêt dense, avec cultures vivrières de base, légumes et arbres fruitiers en alternance. Leakey (1934) avait déjà observé il y a quarante-cinq ans que les cultures en relais et en mélange avaient de nombreux avantages manifestes, et il recommandait que les responsables du développement agricole prêtent une sérieuse attention à la recherche sur les systèmes traditionnels de production vivrière, notamment ceux comportant des cultures alternées. Cette recommandation, a été pour une large part ignorée, en dépit du fait que les paysans se sont constamment refusés à adopter les techniques de monoculture recommandées par les agents de vulgarisation.

Les principaux objectifs de la recherche sur la productivité des cultures mélangées pourraient être de sélectionner des combinaisons à rendements élevés; de vérifier les avantages présumés des mélanges traditionnellement cultivés; de comprendre les processus qui conduisent à ces avantages de telle sorte que, dans un environnement déterminé, un choix rationnel des éléments composants permette d'obtenir des rendements plus élevés qu'il n'est possible dans les monocultures.

Sturdy (1939) avait noté qu'en Afrique orientale l'association de Crotalaria avec le mil et d'arachide avec le sorgho aidaient à maintenir la fertilité des sols. Lambers (1940) indique que des plantations alternées de caféier et bananier dans le Kuri produisent un paillis qui améliore la fertilité du sol. Les résultats d'essais réalisés par Agboola et Fayemi (1972) montrent que la culture intercalaire de légumineuses dans un mais précoce a donné une récolte de maïs équivalente à celle que l'on aurait obtenue avec un apport de 55 kg/ha d'azote sous forme minérale.

Il reste beaucoup à faire pour déterminer quantitativement le niveau des éléments nutritifs dans les sols soumis aux combinaisons de cultures traditionnelles. Dans une étude menée en 1981, on a prélevé des échantillons de sol dans huit exploitations agricoles et dans les jachères associées, et dans un cas seulement la teneur en éléments nutritifs de la jachère était nettement supérieure à celle de la terre cultivée voisine. Les teneurs en P. K. Fe, Zn et Ca dans l'horizon supérieur de 0 à 15 cm étaient plus élevées dans les champs cultivés que dans les jachères contiguës, ce que l'on a attribué à l'effet du brûlage après le défrichement. Ces données viennent à l'appui de la thèse selon laquelle la durée de la jachère a été très fortement raccourcie, réduisant ainsi la reconstitution de la fertilité. Il en ressort que la plupart des agriculteurs cultivent en fait des terres peu fertiles, et que l'état des éléments nutritifs dans le sol n'influe pas sur leur choix des combinaisons de cultures. Ce choix semble plutôt influencé par les cultures vivrières de base habituellement pratiquées dans la région, et l'inclusion de légumes est en rapport avec leur valeur économique et avec les préférences alimentaires. On n'a pu établir aucun effet bien déterminé des mélanges de cultures sur le niveau des éléments nutritifs dans le sol.

Résumé et conclusions

Sous les tropiques, le meilleur système de culture, à partir du moment où l'on considère le sol comme le facteur principal de maintien de la production, est celui qui n'expose pas le sol aux risques d'érosion. Par conséquent, il faut encore des recherches pour identifier de meilleures combinaisons, y compris des systèmes agroforestiers, de façon à pouvoir établir le meilleur type de rotation pour chaque zone écologique. Bien que la culture sans labour ait été préconisée par l'IITA, elle n'est pas praticable sur toute l'étendue de la zone tropicale humide en raison de sa dépendance vis-à-vis du sol, et en particulier de la teneur en argile, et des conditions climatiques. Dans certaines régions, la température est basse aux périodes où souffle l'harmattan, et les sols de « fadama » forment une croûte, et nécessitent une préparation supplémentaire à la saison des pluies suivante. C'est ainsi qu'à l'Université d'lfe la culture sans labour s'est avérée peu satisfaisante.

En dehors de la protection contre l'érosion, un système cultural approprié doit garantir contre la destruction de la structure et des réserves nutritives du sol. Un bon système doit mettre à profit les tonnes de déchets humains, végétaux et animaux qui sont produites. Il convient de souligner, cependant, que les agriculteurs traditionnels continueront à pratiquer leurs systèmes actuels jusqu'à ce qu'on en ait trouvé d'autres qui maintiennent des rendements plus élevés, conservent le sol, éliminent les mauvaises herbes, et d'une manière générale s'accordent avec leur niveau technique actuel.

Remerciements

L'auteur est reconnaissant à J. M. A. Tocunana et C. F. Yamoah, tous deux étudiants diplômés du Département d'agronomie de l'Université d'lbadan, pour leur contribution.


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