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Rapport sur les organismes de recherche en Mauritanie

Cheik Abdel Wedoud Ould, Institut mauritanien de recherche scientifique

La gestion des terres arides an Mauritanie et les recherches qu'elle implique ne concernent pas seulement un organisme spécialisé, mais on peut à bien des égards considérer qu'elle est la tâche commune de la quasi-totalité des institutions d'un pays qui était aux trois quarts désertique avant que la sécheresse des années soixante-dix ne vienne encore infléchir davantage vers le sud la limite septentrionale de la zone sahélienne. En effet, sur les 15 millions d'hectares non désertiques, 14 millions seraient en voie de désertification.

Entendue cependant dans le sens étroit d'aménagement ou de préservation des ressources du milieu naturel, elle relèverait plutôt, dans l'état actuel de division des tâches administratives, du Ministère du développement rural, qui a d'ailleurs organisé les 26, 2.7 et 28 mai 1980 à Nouakchott, avec le concours de l'UNSO, un séminaire pour l'élaboration d'un plan national d'action de lutte contre la désertification. Le séminaire a abordé notamment les actions de protection (fixation des dunes et lutte contre l'ensablement, protection de la végétation et de la faune...), de mise en valeur selon une répartition zonale (zone sahélienne, zone sylvo-pastorale, zone agro-sylvo-pastorale), ainsi que les moyens à mettre en œuvre (formation, moyens institutionnels, mesures d'ordre législatif, moyens techniques, recherche expérimentation, moyens économiques et financiers. . . ).

Ce séminaire a souligné l'absence de coordination entre les quelques institutions existant dans ce domaine, en particulier le Centre national de la recherche vétérinaire (CNERV), le Centre national de recherche agronomique et de développement agricole (CNRADA), la Direction de la protection de la nature et les institutions à vocation plus directement pédagogique comme l'Ecole nationale de formation et de vulgarisation agricoles (ENFVA) de Kaédi.

Relevant la faiblesse des moyens matériels et humains mis à la disposition de ces différents organismes, le rapport du séminaire note par exemple que la Direction de la protection de la nature ne dispose, en janvier 1980, que de 6 cadres supérieurs (2 ingénieurs principaux et 4 ingénieurs des travaux des eaux et forêts) et 50 cadres moyens et subalternes, ce qui représente environ 1 agent pour 200000 hectares, chiffre qui reste fort loin des besoins actuels et futurs du secteur, tels qu'ils ressonent d'une estimation de la FAO pour les années 19801990 citée
par le rapport sectoriel Écologie-forêts (p. 13) du même séminaire (voir tableau ci-après).

Besoins en cadres pour les années 1980 et 1990

  1980 1990
Niveau des cadres Niveau des cadres
A B C A B C
Plantations forestières            
Mise en place 1 4 40 2 10 100
Gestion 1 2 20 1 7 70
Peuplements naturels            
Mise en place 1 2 10      
Gestion 1 6 60 5 25 250
Faunes et parcs 1 5 50 5 25 250
Total partiel 5 19 180 13 67 670
Planification et direction            
Recherche 2 4 - 3 6  
et enseignement 2 2 - 3 4  
Participation au            
développement intégré 2 7 - 2 10  
Total 11 32 180 21 87 670


Parmi les nombreuses recommandations de ce séminaire, pertinentes certes, mais tenant aussi du catalogue de vœux pieux (« meilleure gestion », « meilleure coordination », «meilleure formation», «meilleure information», etc.), on note la suggestion de créer un Comité national de lutte contre la désertification agissant sous l'autorité directe du chef de l'État, pour assurer une meilleure coordination et un meilleur contrôle des actions à entreprendre dans ce domaine.

A cette acception restreinte de la notion de « gestion des terres arides», nous opposions, au début du présent article, une conception plus large et peut-être plus juste, tout au moins dans le contexte mauritanien, pays presque entièrement désertique, d'une gestion qui se confondrait tout bonnement avec l'administration du territoire dans sa totalité.

L'expression, en principe, la plus complète d'une telle gestion figure dans les différents plans de développement

(, plan: 1963^1966; plan: 1970-1973; plan: 1976-1980...) àtravers lesquels les autorités mauritaniennes définissent les principaux choix économiques et financiers, sectoriels et régionaux, dont la somme voudrait être l'expression cohérente d'une politique de développement.

Il ne saurait être question, dans l'espace de ces quelques lignes, d'une analyse, fût-elle sommaire, des orientations et des priorités définies par ces plans dont l'exécution ou la non exécution conditionnent entre autres facteurs (rôle des catastrophes climatiques, des intérêts commerciaux et financiers européens, américains, arabes...), les fragiles équilibres des écosystèmes mauritaniens.

Par le biais des implantations urbaines (la population urdaine -surtout celle de la capitale et des villes minières du Nord- passe de 90000 personnes en 1961, puis 150000 180000 vers 1971, à plus de 300000 aujourd'hui) ou de quelques infrastructures nouvelles (forages pastoraux et villageois, routes, etc.), les politiques officielles et les choix qu'elles impliquent liés à des facteurs conjoncturels tels que la récente sécheresse, agissent en particulier directement sur la répartition spatiale des hommes, sur leurs ressources, leur mode de vie et, partant, sur leur perception et leur gestion du milieu naturel et de ses ressources. On a vu ainsi la population des nomades au sein de la population mauritanienne passer de près de 75 % en 1964 à moins de 35 % en 1976.

Évoquer la «gestion des zones arides» en Mauritanie, n'est ce pas d'abord rendre compte de cette mutation qui affecte non seulement une forme particulière de rapport à l'espace, mais qui bouleverse également avec les structures mentales, technologiques, économiques, institutionnelles du nomadisme une des formes les plus efficientes de «gestion des zones arides » que les populations sahélo-sahariennes aient mises au point ?

Sur le plan de l'investipation scientifique, et si l'on retient i'acception large de cette notion de « gestion des zones arides » qui vient d'étre rappelée, I'instrument principal d'intervention de l'État mauritanien est constitué par l'lnstitut mauritanien de recherche scientifique (IMRS), organisme public autonome créé le 31 décembre 1974 et rattaché au Ministère de la culture. Il se compose à l'heure actuelle de cinq sections: une Section d'études linguistiques et littéraires, une Section d'archéologie et d'histoire, une Section de préhistoire, une Section de manuscrits arabes et une Section de sociologie, musicologie et traditions orales. Sur les 61 personnes employées en 1980 par l'IMRS, le tiers exerce directement une activité scientifique.

Institution à la fois jeune et disposant de moyens fort modestes, l'institut, à côté de quelques réalisations intéressantes, fait surtout état de projets.

La Section des études linguistiques et littéraires qui s'était vue à l'origine confier le soin d'étudier et de transcrire les langues nationales non écrites (pulaar, wolof, soninké) en vue de leur insertion future dans le système scolaire national a été remplacée en 1980, dans l'exécution de cette tâche, par un Institut des langues nationales, spécialement créé à cet effet. Un bilan des études déjà effectuées sur les langues parlées en Mauritanie a déjà été réalisé.

Concernant la langue arabe et le dialecte maure (hassania), la poursuite des travaux de Mme Catherine Taine-Cheikh, auteur d'une thèse sur L'arabe médian parlé par les arabophones de

Mauritanie devrait permettre prochainement la publication d'une étude sur le passif en hassania, ainsi que la mise au point définitive d'un dictionnaire hassania-français légué, sous forme de brouillon, par Albert Leriche.

En archéologie, la poursuite de fouilles réqulières depuis 1964, sous la direction de Serge et Denise Robert, sur le site médiéval de Tegdaoust, a permis la publication de travaux hautement significatifs pour l'histoire médiévale de l'Afrique de l'Ouest (« Tegdaoust I », les thèses de C. Vanacker, J. Pollet, B. Saison, D. Robert...). Des mémoires ont été également soutenus Diyé Bâ et Sophie Berthier) traitant des résultats des fouilles en cours sur le site non moins important de KoumbiSaleh.

Dans le domaine de l'histoire proprement dite, le début attendu prochainement de la publication de l'Encyclopédie mauritanienne, de Moctar 0. Hamidoun, constituera sans nul doute une contribution décisive à la connaissance du passé mauritanien.

En préhistoire, les travaux de Mme N. Lambert dans les régions d'Akjout et de Zouérate, ceux de l'équipe du professeur J. Hugot dans la région de Tichitt ont déjà abouti à de nombreuses publications et permettront, au cours des prochaines années, l'établissement d'une carte préhistorique exhaustive de la Mauritanie.

Dans le domaine de la coliecte et du traitement des manuscrits arabes anciens dont les bibliothèques traditionnelles mauritaniennes sont richement pourvues, I'action de l'IMRS lui a déjà permis d'acquérir près de 3000 maouscrits auxquels il faut ajouter quelque 500 microfilms, ainsi que 400 dossiers de poétes mauritaniens auxquels sont systématiquement versées les œuvres littéraires rencontrées par les chercheurs au cours de leurs enquêtes.

Enfin, la Section de sociologie, musicologie et traditions orales, en dehors de travaux en cours portant sur l'évolution de certains aspects régionaux ou spécifiques des structures sociales mauritaniennes, s'offre parfois comme cadre de réalisation d'études ponctuelles en association avec d'autres organismes (c'est ainsi qu'en collaboration avec l'Unesco, un travail intitulé Nomadisme, migrations, sédentarisation dans la société maure a été achevé par Pierre Bonte et A.W.O. Cheikh en mars 1981), ou prête à itoccasion son concours à des recherches plus directement liées à la planification et au développement, notamment diverses enquêtes autour du pastoralisme.

Le souci de ne pas s'en tenir à la seule recherche académique pour au contraire essayer dans toute la mesure du possible de promouvoir une recherche liée à des actions de développement, l'lMRS vient d'ailleurs de le confirmer à propos d'un problème qui intéresse au plus haut point la « gestion des zones arides». Il s'agit de la sauvegarde des oasis historiques de Ouadane, Chinguitti, Tichitt et Oualatæ, progressivement abandonnées et étranglées par les dunes, oasis pour lesquelles l'IMRS, en collaboration avec l'Unesco, a mis au point un plan intégré de sauvetage (lutte contre l'ensablement, restauration architecturale, développement des infrastructures hydrauliques, agricoles, routières, des équipements sociaux, etc.) qui devrait entrer en application au cours des années 1982-198i.

Un dernier élément qui fera peut-étre mieux entrevoir les liens entre les divers domaines de recherche de l'institut et la «ges
tion des zones arides» entendue comme une entreprise intégrée, ordonnée et systématique embrassant non seulement les ressources et leurs usages, mais aussi les institutions, les modes de vie, la culture: I'IMRS est en principe doublement lié aux institutions d'enseignement supérieur qui fournissent la majeure partie de l'encadrement scolaire et administratif mauritanien. D'une part, ses programmes de recherches devraient être approuvés par un conseil scientifique où siègent de droit les directeurs des établissements supérieurs du pays, d'autre part, la plupart des chercheurs de l'institut assurent dans ces mêmes établissements des enseignements plus ou moins directement en rapport avec leurs recherches mauritaniennes.

Le programme « L'homme et la blosphère »de l'Unesco en ce qui concerne les terres arides ou semi-arides

Matuka Kabala, Unesco-Breda, Dakar

Vue d'ensemble

Le programme de l'Unesco sur « L'homme et la biosphère» (en anglais "Man and the biosphere" [ MAB], aborde d'une manière nouvelle et intégrée les problèmes de recherche, de formation des spécialistes et d'application des connaissances en vue d'améliorer les relations entre l'homme et l'environnement.

La recherche dans une tour d'ivoire n'est plus à même de fournir les informations dont ont besoin ceux qui doivent prendre les décisions dans un monde d'une complexité croissante. Le MAB s'efforce de supprimer les barrières, désormais désuètes, qui séparent encore spécialistes des sciences naturelles, spécialistes des sciences sociales et humaines et responsables de l'action. Il permet au contraire d'aborder les problèmes que pose la gestion des écosystèmes, qu'ils soient naturels ou modifiés par l'homme, de façon interdisciplinaire.

Les problèmes de l'environnement ne s'arrêtent pas aux frontières nationales et l'expérience acquise pour les résoudre devrait être mise à la disposition de tous. Il est indispensable de trouver des solutions régionales et globales à des questions abordées jusqu'ici dans un contexte national.

Le MAB propose une approche systémique fondée sur la coopération entre pays possédant des problèmes communs dans des conditions écologiques analogues.

Depuis plus de deux décennies, la communauté internationale s'est vivement intéressée aux problèmes des zones arides et semi-arides. De 1951 à 1962, un programme mondial d'étude de la zone aride fut conduit par l'Unesco, en vue de promouvoir et de développer les recherches dans les diverses disciplines relatives aux problèmes de ces régions. Ce programme a donné lieu à la publication d'une trentaine de volumes de la série « Recherches sur la zone aride », se rapportant à l'hydrologie, la salinisation des sols, I'écologie végétale, animale et humaine, la climatologie, les ressources énergétiques, etc.; ce programme eut également pour conséquence le développement de centres de recherche et de formation importants dans la zone aride, ainsi que la création de quelque 200 unités de recherche dans 40 pays. En outre, durant la dernière décennie, I'Unesco a participé à la préparation de plusieurs cartes thématiques présentant la svnthèse des connaissances récentes sur les ressources naturelles des zones arides.

C'est actuellement dans le cadre du programme sur « L'homme et la biosphère» (MAB) et du Programme hydrologique international (PHI) que se situe l'action de l'Unesco en matière de zones arides et semi-arides. Deux des quatorze grands thèmes de recherche du programme MAB sont en rapport direct avec ces problèmes. Le Projet 3 concerne l'impact des activités humaines et des méthodes d'utilisation des terres à pâturage, y compris celles des zones arides et semi-arides, tandis que le Projet 4 a trait à l'impact des activités humaines sur la dynamique des écosystèmes des zones arides et semiarides, en particulier aux effets de l'irrigation.

Il convient de signaler que ce programme a accordé, dès le départ, la priorité aux zones arides et semi-arides, dans lesquelles l'exploitation des terres à pâturages revêt une importance particulière et pose en même temps un grand nombre de problèmes d'ordre scientifique et technique. Plusieurs actions, notamment des études et des recherches concernant le développement des zones arides en général et des zones sahéliennes en particulier, ont été entreprises au cours des cinq dernières années dans le cadre du programme MAB.

Projet majeur de recherche, formation et démonstration appliquées à l'aménagement intésigé des zones arides et semi-arides

Ce projet majeur a pour but de promouvoir des actions de recherche, de formation et de démonstration en vue d'aménager les ressources des territoires souvent dégradés par l'érosion et le surpâturage, comme le sont beaucoup de zones arides et semi-arides, en développant des systèmes de production agrosylw-pastorale qui tiennent compte des aléas climatiques et des contraintes édaphiques. Ces systèmes, tout en assurant un rendement soutenu, devront être conformes aux particularités socioculturelles des populations, dont on devra assurer la participation active au développement.

Beaucoup de données existent déjà en ce qui concerne les écosystèmes arides, mais une grande partie des résultats des recherches n'a pas été mise en application, du fait de contraintes socio-économiques et du manque de spécialistes en aménagement du territoire et de techniciens dans les pays concernés. Un effort particulier devra donc être fait pour appliquer effectivement ces résultats et procéder aux nouvelles recherches interdisciplinaires indispensables, ainsi que pour former des spécialistes dans les pays qui en sont les plus démunis. Tous ces efforts devront être développés en étroite collaboration avec la FAO ou le PNUE, en plus des organisations régionales dont notamment: le CILSS, I'UNSO, I'lnstitut du Sahel et l'UNU.

La nature des problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement des zones arides et semi-arides rend souhaitable la complémentarité des activités entreprises dans chaque région, afin d'éviter la duplication des efforts de recherche. Le projet majeur comprendra quatre réseaux de projets pilotes, localisés respectivement en Amérique latine, en Afrique (pays sahéliens et Afrique orientale et méridionale), dans les États arabes et en Asie centrale et méridionale. Une douzaine de projets pilotes intégrés pourront être créés, soit trois dans chacune des régions considérées. L'ensemble de ces réseaux pourra concerner les différents problèmes prioritaires de l'aménagement des ressources dans les zones arides (complémentarité entre activités pastorales et agricoles, reboisement avec des essences résistant à la sécheresse pour lutter contre la désertification et pour constituer des sources renouvelables d'énergie, effets écologiques et socio-économiques de l'irrigation, cultures en oasis, etc.).

Il concerne aussi les principaux types d'écosystèmes arides (semi-déserts chauds et froids, savanes séches â climat tropical, steppes et maquis méditerranéens, écosystèmes montagneux arides), ce qui facilitera les échanges à l'intérieur de chaque région et entre les régions.

Les caractéristiques principales des projets pilotes intégrés seront les suivantes:

Rechercher la solution de problèmes concrets de développement.

Réaliser une intégration interdisciplinaire transversale (spécialistes en sciences naturelles, sciences humaines et socioéconomiques), aussi bien que verticale (preneurs de décision, chercheurs, populations locales).

Associer la formation à la recherche, la démonstration et la diffusion de l'information.

Faciliter les liaisons opérationnelles entre les institutions des pays en développement, ainsi qu'entre celles-ci et les instituts spécialisés des pays industrialisés.

Permettre une coordination souple, grâce à l'échange de personnel et d'information et à l'établissement de comités régionaux ad hoc.

Mettre en application les résultats, compte tenu des spécificités sociopolitiques et culturelles de chaque pays.

Il convient de souligner qu'un grand nombre de pays industrialisés (Australie, Espagne, États-Unis d'Amérique, France, Italie, URSS) ont de vastes territoires arides et semi-arides, ce qui permettra de développer la coopération bilatérale ou multilatérale dans un nombre plus important de cas. En outre, la somme des connaissances sur l'aménagement des zones arides est plus importante que celle existant pour les zones tropicales humides. En conséquence, un accent plus grand sera mis sur les aspects d'application au développement et sur la formation de spécialistes (pastorialistes, responsables de l'aménagement du territoire, etc.), tandis que la composante de recherche intégrée sera moins importante, mais toujours pré sente pour servir de base concréte aux activités de formation.

L'Unesco, par son Secrétariat au siège et par l'intermédiaire des bureaux régionaux pour la science et la technologie, apportera un appui direct aux pays, afin de les aider à mettre en œuvre les projets pilotes intégrés et les activités de formation. Elle assurera la coordination du projet majeur sur les zones arides, grâce à des mécanismes souples qui prendront en compte la capacité des pays â gérer eux-mêmes ce projet majeur.

Un effort particulier est fait pour rechercher des ressources extrabudgétaires, aux fins de financer les projets pilotes dans les zones arides et semi-arides; cela auprès des organismes suivants: Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE); Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l'UNSO; Fonds intérimaire des Nations Unies pour la science et la technique au service du développement; fonds en dépôt.

Dans le cadre d'accords relatifs â des fonds en dépôt, il est à prévoir que l'Unesco exécutera, avec le concours financier des États membres donateurs, des projets de recherche, formation et démonstration visant â l'aménagement intégré des régions arides et semi-arides tels que le projet pilote dans les zones arides du nord du Kenya.

Parmi ces études, on peut mentionner notamment (« Notes techniques du MAB »):

N° 1. Le Sahel: bases écologiques de l'amènagement.

N° 6. Développement des régions arides et semi-arides: obstacles et perspectives.

N° 7. Carte de la répartition mondiale des régions arides.

N° 9. Amènagement des ressources naturelles en Afrique: stratégies traditionnelles et prises de décision moderne. D'autres publications de l'Unesco intéressent les zones arides. Ainsi:

Aperçu des ressources naturelles du continent africain. Bibliagraphie hydrologique africaine.

Carte géologique de l'Afrique avec une note explicative. Compte rendu de recherches sur les latérites.

Fonctionnement des écosystêmes terrestres au niveau de la production primaire. Actes du Colloque de Copenhague.

Exploration aérienne et études intagrées Actes de la Conférence de Toulouse.
Méthodes agroclimatologiques. Comptes rendus de la Conférence de Reading.
Compte rendu du Colloque sur les granites de l'Ouest africain:
Côte-d'lvoire, Nigéria, Cameroun Imars 1965). Biologie du soll. Comptes rendus de recherches. Utilisation et conservation de la biosphère.

Sols et conditions atmosphériques. Actes de la Conférence de Bandang, 16 au 23 novembre 1969. Ressources naturelles de l'Asie tropicale humide. Traitement sur ordinateur des données géographiques. Aperçu de recherche sur les sols saumâtres. Ecosystémes des pâturages sur les terres tropicales.

Ces publications ont été le plus souvent élaborées â l'occasion de l'organisation de réunions régionales telles que:

La réunion régionale sur les besoins en matière de recherche écologique intégrée et de formation dans la région du Sahel, tenue à Niamey du 9 au 15 mars 1974.

Le séminaire pour les preneurs de décision portant sur l'aménagement des ressources naturelles en Afrique occidentale, organisé à Dakar du 13 au 28 janvier 1975.

Le séminaire sur les approches intégrées et écologiques du développement rural en zones arides et semi-arides, Djerba (Tunisie), du 4 au 12 décembre 1979.

Le séminaire régional sur les problèmes de recherche et de formation concernant les terres â pâturages dans les pays du Sahel, Dakar (Sénégal), du 23 au 30 octobre 1980.

En dehors de la région, il y a eu des réunions de planification à: Montpellier (France), du 2 au 7 octobre 1972 (groupe d'Experts); Hurley [Royaume-Uni] (groupe international de travail); Sfax (Tunisie), du 3 au 12 avril 1975 (pour les pays arabes du monde africain).

Projet de formation postuniversitaire en aménagement pastoral intégré au Sahel

Objectifs à long terme

L'objectif à long terme du projet de formation postuniversitaire est la création, au sein d'une institution de la région, d'une capacité de formation de spécialistes en matière de développement pastoral intégré. Ce projet se situe dans le cadre de la recommandation n° 20 du Plan d'action pour combattre la désertification adoptée à la Conférence sur la désertification (Nairobi, 1977).

Les spécialistes formés doivent être en mesure de réaliser les projets et les programmes de mise en valeur des ressources naturelles, d'aménagement du territoire et de développement intégré de l'espace pastoral, dans les États membres du CILSS. Ces spécialistes seront aussi appelés âconcevoir, analyser et mettre en œuvre les plans de développement pastoral non seulement dans chaque pays, mais encore dans l'ensemble de la région sahélienne.

Il est bien évident que la formation de tels cadres ne peut que renforcer les liens de coopération dans un secteur vital de l'économie de la région.

D'autre part, I'accroissement progressif du nombre de spécialistes contribuera à développer les activités de recherche et de formation en relation avec les projets de développement qui seront mis en œuvre.

Objectifs à court terme

Le projet permettra de satisfaire les besoins les plus urgents en spécialistes en matière d'aménagement pastoral intégré susceptibles de contribuer à la bonne marche des nombreux projets de mise en valeur pastorale déjà en cours.

Par ailleurs, compte tenu des besoins aussi importants et urgents en matière de recyclage des cadres moyens, un projet de formation de courte durée pour ces cadres est également envisagé.

Contribution de l'ORSTOM' aux recherches et à la formation dans les zones arides d'Afrique occidentaIe francophone

Roger Fauk, inspecteur général de l'ORSTOM

La vocation statutaire de l'ORSTOM, d'une part de réaliser des recherches orientées vers le développement, d'autre part de former des chercheurs, régulièrement depuis 1946, a amené cet organisme à travailler dans les régions arides et sub-arides d'Afrique. Ces activités se sont fortement développées dans les années soixante au moment de l'indépendance des États, puis à nouveau dans les années soixante-dix lors de l'épreuve qu'a constituée la sécheresse exceptionnelle dans le Sahel. Les travaux de l'ORSTOM sont complétés par ceux du GERDAT dans le domaine de la recherche agronomique et il en résulte qu'une masse importante d'informations a été rassemblée. Malheureusement, on constate qu'une grande partie de cette information n'a pas été utilisée et le problème de la liaison recherche développement constitue un point qui mériterait d'être approfondi au cours du séminaire.

On peut schématiser l'état des connaissances rassemblées par l'ORSTOM en disant qu'il y a eu deux étapes dans les recherches. La première a consisté en l'inventaire de données de base, essentiellement dans les domaines de la pédologie, de l'hydrologie, de l'entomologie médicale et de la géographie humaine. Ainsi, à part le Mali et la partie centre et nord de la Mauritanie, tout le Sahel est couvert par des cartes pédologiques à des échelles variant du 1/100000 au 1/500000. Dans le cas particulier de la Haute-Volta, il existe une couverture au 1/5000000 qui a été complétée il V a quelques années par des cartes dites de « ressources en sols ». Il s'agit de cartes thématiques dressées pour aider les planificateurs et les décideurs à lancer des projets de développement sur des bases sures en leur évitant d'avoir à comprendre la terminologie parfois complexe des pédologues.

En hydrologie de surface, la connaissance du régime de tous les grands fleuves du Sahel est très avancée et l'ORSTOM a réalisé d'importantes publications comme les monographies hydrologiques. Il existe de plus une banque de données hydrologiques et climatologiques. Ce sont ces données de base qui ont servi pour l'établissement de tous les projets de barrage du Sénégal et du Tchad.

La transmission des grandes endémies par les vecteurs est un domaine important de recherche. En principe, les régions séches sont plus saines que les régions tropicales humides. Mais, en pratique, tout système de développement en milieu aride nécessite la mise en place de réserves d'eau et de barrages divers. En Haute-Volta, cela s'est traduit par une remontée vers le nord de toutes les maladies transmises par des vecteurs se développant dans l'eau (paludisme, filarioses, bilharzioses, etc.)

De nombreux travaux de géographes de l'ORSTOM concernent les régions arides, en particulier au Sénégal, en Haute-Volta et au Niger. Des recherches ont été réalisées depuis près de dix années dans la vallée du fleuve Sénégal, en particulier sur les modes d'occupation des milieux par les populations. Au Niger, la connaissance des modalités du nomadisme et les phénomènes d'évolution ou de dégradation du milieu lors des sécheresses exceptionnelles ont été bien étudiés. En Haute-Volta, c'est l'aspect migration des populations et l'étude des problèmes de l'élevage qui ont fait l'objet de travaux qui sont partiellement terminés actuellement.

La seconde phase, qui se poursuit actuellement, consiste en l'étude des mécanismes qui règlent les équilibres des écosystèmes sub-arides et arides. Elle est caractérisée par la mise en place de programmes de recherches intégrées, c'est-à-dire associant des spécialistes des sciences de la terre, des sciences biologiques et de la santé publique et des sciences socio-économiques. La pluridisciplinarité est un besoin si l'on veut que les résultats des recherches puissent être utilisés pour le développement, étant donné la fragilité des écosystèmes subarides, ou toute modification d'un paramètre du milieu perturbe les autres paramètres.

Mais cette pluridisciplinarité est parfois difficile, car les chercheurs, qu'ils soient de l'ORSTOM ou des universités, sont très individualistes et parfois réticents à modifier leurs programmes pour s'adapter à un travail d'équipe.

Parmi les travaux les plus significatifs signalons en premier lieu la caractérisation des écosystèmes dans le désert du Ferlo au Sénégal. La modification de la composition de la flore en quantité et qualité durant les périodes de sécheresse a été reliée aux caractéristiques pédologiques et aux régimes hydriques. Les opérations ont été réalisées dans le cadre du Programme biologique international IPBI). Actuellement, un nouveau projet se développe sur les relations entre les modalités de l'élevage dans le Sahel, I'évolution des écosystèmes, les problèmes de santé humaine et animale, les aspects nutritionnels. Sa réalisation associe des géographes et des médecins de l'ORSTOM aux agrostologues et aux zootechniciens de l'lnstitut d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux (IEMUT) et de l'lnstitut sénégalais de recherches agricoles (ISRA).

En Haute-Volta, se termine actuellement un programme intégré d'étude d'écosystèmes dans l'Oudalan, dénommé projet « Mare d'Oursi ». Il a mobilisé des spécialistes en provenance de divers organismes: écologistes, agronomes, hydrologues, démographes, socio-économistes de l'ORSTOM, botanistes du CTFT, pédologues du Service national de pédologie de la Haute-Volta, géographes et géomorphologues de l'Université Paris-VII, spécialistes de médecine tropicale de l'hôpital de la Salpétrière à Paris. Des études expérimentales sur le ruissellement et l'érosion ont été réalisées avec un simulateur de pluies.

La synthèse de quatre années de travaux est en cours et elle devrait conduire à la formulation d'une stratégie d'utilisation du milieu. Cependant, le projet doit se poursuivre par des études plus appliquées en liaison étroite avec des projets de développement dans l'Oudalan.

A ces travaux s'ajoutent d'autres recherches effectuées dans le Sahel voltaïque et réalisées par le Centre Voltaïque de recherche scientifique et par des professeurs de l'Université de Ouagadougou.

Au Niger, c'est dans la région d'Agadès qu'une équipe pluridisciplinaire étudie l'écosystème de la région fragilisée par l'arrivée de populations déplacées par la sécheresse.

Le deuxième volet des activités de l'ORSTOM est la formation de chercheurs. Cette formation est localisée en première année en France, dans le cadre d'accords contractuels avec des universités au niveau du DEA. Dans tous les cas, les chercheurs de l'ORSTOM complètent le corps professoral et une autre partie des enseignements a lieu dans les laboratoires centraux de l'office

La deuxième année se réalise outre-mer par insertion dans des équipes permanentes de recherche. Elle donne accès à un diplôme particulier de l'ORSTOM dans une spécialité définie (pédologie tropicale, génétique tropicale, etc.). On doit constater que, jusqu'à présent, le nombre d'étudiants africains originaires des régions sub-arides et arides d'Afrique a été faible. Il faudrait faire un effort et ce pourrait être le rôle des universités de sensibiliser un certain nombre de bons éléments à l'intérêt et à l'importance de la recherche soit fondamentale, soit de développement dans les régions arides et semi-arides.


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