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Premiére partie:Rapports sur les activités de recherche et de formation pour la gestion des terres arides d'Afrique occidentale


Rapport de l'Université de Ouagadougou
Rapport sur les activités de recherche au Niger
Rapport sur les activités de formation en ce qui concerne les terres arides au Sénagal
Rapport sur les organismes de recherche en Mauritanie
Le programme « L'homme et la blosphère » de l'Unesco en ce qui concerne les terres arides ou semi-arides
Contribution de l'ORSTOM aux recherches et à la formation dans les zones arides d'Afrique occidentaIe francophone
Un exempIe de recherche intégrée en miIieu sahélien : la Mare d'Oursi (Haute-Volta)


Rapport de l'Université de Ouagadougou

Guinto Sita, directeur de l'lnstitut supérieur polytechnique

Introduction

L'Université de Ouagadougou, située en pleine zone soudanosahélienne, abrite deux établissements dont les activités pédagogiques et de recherche sont orientées vers les problèmes de son environnement qui est dominé par la sécheresse. Ces établissements sont l'École supérieure des lettres et sciences humaines (ESLSH) et l'lnstitut supérieur poiytechnique (ISP).

Les activités de l'ESLH

Au sein de cet établissement, c'est le Département de géographie qui mène, sur le plan de la recherche, des activités portant sur le développement de la zone soudano-sahélienne.

Objet de la recherche

En Haute-Volta, nous constatons qu'à la suite de la destruction progressive de la couverture végétale, les processus d'« érosion actuelle » prennent de plus en plus une grande importance aussi bien dans les espaces exploités historiquement par les populations à forte densité (région centrale du pays) que dans les secteurs qui connaissent actuellement une mise en valeur accélérée (région Ouest et vallées des Voltas).

Cette érosion, très souvent « incidieuse», se traduit par un décapage, c'est-à-dire par l'ablation d'une pellicule plus ou moins importante du sol chaque année; ce phénomène qui, àla longue, entraîne des conséquences désastreuses sur les potentialités des terres cultivables ne semble que modérément perçu par les populations.

Par ailleurs, I'étude de la dynamique érosive actuelle reste très partielle et les travaux de lutte anti-érosive demeurent inadaptés aux processus mis en jeu.

Les actions de recherche en cours

Le thème général s'articule autour de quatre actions de recherche:

  1. Dynamique érosive actuelle en régions cristallines: étude sur différents sites du ruissellement et de l'évolution des for mes d'érosion.
  2. Étude de la charge des eaux de ruissellement et de drainage interne: observations faites à partir de quatre parcelles d'érosion (sous savane, sur champ cultivé, sur parcelle de Wischmeier et sur parcelle en pente forte et sol gravillonnaire) à Pô.
  3. Cartographie de la dynamique actuelle et constat de la dégradation du milieu dans la région de Ouagadougou: évaluation de cette dégradation du milieu sous l'action conjuguée de l'extension de l'habitat non loti et de la surexploitation agropastorale.

Perception de la dynamique actuelle par les communautés villageoises: comparaison de cette dynamique effective, avec la perception qu'en ont les villageois, et leurs moyens de lutte.

Cette étude, menée par l'ensemble des enseignants et des étudiants en fin de cycle du Département de géographie, doit déboucher sur des principes et des recommandations utiles pour l'aménageur qui, fort de nos observations, devra pouvoir éviter de commettre certaines erreurs sur le terrain.

Les activités de l'ISP

L'ISP forme depuis quelques années des ingénieurs du développement rural dans trois options: Agronomie, Élevage, Eaux et forêts. La formation s'étale sur cinq années après le baccalauréat.

Le programme de cette formation est largement dominé par les problèmes de la gestion des terres arides. Ainsi les différentes matières du programme, I'orientation des enseignements et le contact fréquent des élèves-ingénieurs avec le terrain sous forme de visites et de stages traduisent les préoccupations constantes de l'établissement pour une meilleure exploitation du milieu soudano-sahélien.

L'établissement connait également diverses activités de recherche dont le thème général est axé sur la gestion des terres arides.

Du choix des matières et de l'orientation des enseignements

Plusieurs matières du programme de l'ISP préparent les élèvesingénieurs à une meilleure connaissance de notre milieu soudano-sahélien.

La «Défense et restauration des sols» (DRS) traite de l'aspect technique et socio-économique de l'entretien du sol.

«L'hydrologie et l'hydraulique agricole» met l'accent sur une bonne utilisation de l'eau en zone tropicale séche.

La «Pédologie» met l'accent sur la connaissance de nos sols, leur structure et les différentes méthodes permettant leur conservation.

«L'écologie forestière» montre les rapports qui existent entre l'homme, les animaux et le milieu.

« La sylviculture, le reboisement et l'aménagement forestier» indiquent comment gérer, développer et assurer la protection du patrimoine forestier contre les feux et autres causes de déforestation.

« La péche et pisciculture» montre comrnent exploiter les retenues artificielles d'eau (barrages) en vue de produire des poissons d'eau douce.

« L'agrostologie » se penche sur les méthodes d'exploitation des nombreux pâturages naturels.

Le contact avec le terrain

Tout au long de la formation, des sorties et des visites sont organisées à l'intention des élèves-ingénieurs en vue de leur montrer des cas concrets d'exploitation du milieu soudanosahélien: par exemple chantiers de reboisements industriel et villageois, stations de pisciculture, périmètres irrigués pour les cultures maraîchères, etc.

Des stages de moyenne durée (six semaines) sont organisés pendant la saison des pluies afin d'amener les élèves-ingénieurs à effectuer eux-mêmes des travaux de terrain.

Un stage de dix mois est organisé en cinquième année. Les élèves-ingénieurs sont placés dans des organismes de développement, ou instituts de recherche, avec participation aux travaux de ces organismes. Durant le stage, I'élève-ingénieur doit travailler sur un sujet précis. A l'issue du stage, il rédige un mémoire qu'il soutient devant un jury d'examen.

Parmi les différents sujets déjà exploités et qui se rapportent à la «gestion des terres arides», nous citerons: «La lutte contre l'érosion des sols dans le bassin versant de Ouabigouya »; « Plan d'aménagement d'une zone rurale selon une méthode d'agroforesterie »; « Pâturages naturels de la région de Bittou et principes d'exploitation ».

D'autres sujets sont en cours d'exploitation: « L'impact des coupes arbustives de bois sur la végétation aux environs de Ouagadougou »; « La consommation du bois en zones urLaine et rurale».

Activités de recherche

Une station expérimentale de l'ISP située à Gaméla (à 20 km de Ouaga sur la route de Niamey} est en voie de réalisation grâce au concours de diverses sources de financement. Déjà, un certain nombre de thèmes de recherche tant en agronomie, élevage qu'en eaux et forêts commencent à s'organiser dans cette station. Les principaux thémes arrêtés sont:

« Défense et restauration des sols» (DRS): étude du ruissellement et de l'érosion sur sols dégradés et sur pente; réalisation de petits ouvrages de protection et de reconstitution des sols.

« Sélection et amélioration de plantes »: I'accent est mis sur la sélection et l'amélioration variétale d'espéces viwières (sorgho\ et fourragères (léqumineuses, graminées).

Expérimentation en pépinière sur diverses espéces locales d'arbres et arbustes en vue de déterminer leur capacité de production du bois et de couverture du sol.

Toutes ces activités de recherche ne seront menées â bien àGaméla que lorsque le problème de l'eau sera parfaitement résolu. La station fonctionne pour le moment sur des forages dont les débits, très fluctuants, s'avèrent déjà insuffisants.

En vue d'assurer l'approvisionnement régulier de la station en eau, la nécessité de construire un barrage sur la riviêre qui longe la station s'impose.

Des activités de recherche sur la végétation soudanosahélienne (floristique, groupements végétaux, adaptations des espèces au milieu, ethnobotanique, etc. ) sont également menées au niveau de l'établissement.

Conclusion

Les problèmes de la gestion des terres arides en général et du milieu soudano-sahélien en particuler occupent une bonne place dans les programmes d'enseignement et de recherche de l'Université de Ouagadougou. Si, sur le plan formation, elle a produit déjà 28 ingénieurs du développement rural qui sont sur le terrain, sur le plan de la recherche, les résultats sont pour le moment faibles et cela en raison de l'insuffisance du matériel d'équipement et de personnel.

La longue liste de thèmes ainsi que la diversité des sujets prouvent que les enseignants-chercheurs de l'Université de Ouaga tiennent vraiment 3 cœur les problèmes que pose la dégradation progressive de l'environnement soudano-sahélien.

Rapport sur les activités de recherche au Niger

Harouna-Hamidou Sidikou, Université de Niamey

Les activités de recherche ne se sont réellement développées au Niger que depuis seulement deux décennies. En effet, on peut considérer que, jusqu'à l'indépendance (1960), les activités de recherche qui se déroulaient essentiellement dans le cadre des programmes de l'lnstitut français d'Afrique noire (IFAN) étaient peu importantes et concernaient surtout des thèmes d'histoire, d'anthropologie-ethnologie ou de sociologie. Depuis, les activités de recherche se sont non seulement développées, mais elles se sont également diversifiées sur ces vastes étendues qui constituent le territoire nigérien.

Plus que de tenter de faire l'impossible bilan exhaustif de la recherche au Niger, notre démarche consistera plutôt à faire très schématiquement la synthèse des activités de recherche sur le territoire nigérien. Mais, même en se blasant dans cette optique, des problèmes subsistent.

Les difficultés

Elles se situent à plusieurs niveaux dont trois nous paraissent essentiels.

L'abondance et la diversité des thèmes étudiés dont il est parfois très difficile de déterminer l'intérêt en rapport avec l'aménagement du territoire. Leur valeur scientifique est très variable.

L'intervention de plusieurs chercheurs isolés ou de groupes de chercheurs, de services techniques gouvernementaux, de nombreux organismes et bureaux d'étude pour le compte de divers projets de développement. Ainsi, de 1962 àaujourd'hui, pour les sauts chercheurs dont il a eu àconnaître le cas, I'lnstitut de recherches en sciences humaines de l'Université de Niamey a pu établir un document provisoire faisant état d'une liste partielle de 293 chercheurs; leurs activités touchent à tous les domaines, allant du reportage journalistique à la géographie en passant par l'ethnologie, I'histoire et la préhistoire, la paléontologie, la physique et la chimie, la sociologie, I'économie, I'urbanisme, la filmographie, la biologie animale et végétale, etc. Ces chercheurs sont de différentes nationalités: des Européens, surtout des Français, des Américains et, en nombre peu important, des Africains.

Le manque de cocrdination efficace qui a toujours caractérisé la recherche au Niger. En effet, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, censé superviser sinon coordonner toutes les activités de recherche au Niger, n'a été créé qu'en septembre 1979, alors qu'auparavant, les activités de recherche relevaient de la compétence de plusieurs organismes d'État, notamment du Ministère de l'éducation nationale. Mais, en dépit de cette création et malgré des instructions gouvernementales précises, le problème n'est pas résolu pour autant et deux constatations importantes peuvent être faites. D'une part, une partie importante des activités de recherche échappe toujours au contrôle du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, notamment celles entreprises sous contrat par des bureaux d'étude installés à l'étranger dans le cadre de l'élaboration de certains projets de développement. D'autre part, la collaboration entre les trois composantes de ce ministère, I'Université de Niamey, I'lnstitut national de la recherche agronomique (IRAN) et l'Office de l'énergie solaire (ONERSOL) est insuffisante.

La situation actuelle

1.Les recherches, à l'exception de celles entreprises dans le cadre de projets de développement, sont généralement plus thématiques que globales. De ce fait, à défaut de pouvoir dresser l'inventaire exhaustif de toutes ces recherches, on peut, en ce qui concerne spécifiquement celles ayant un rapport quelconque avec l'aménagement, les classer en fonction de l'organisme ou du groupe de recherche chargé ou qui les ont entreprises. 1. Université de Niamey. La plupart des enseignants et des chercheurs poursuivent des travaux personnels avec des objectifs académiques. Malheureusement, ce sont des chercheurs souvent isolés, entretenant très peu de rapports scientifiques entre eux. Deux instituts s'occupent plus particulièrement de recherches àl'Université de Niamey: I'lnstitut de recherches en mathématiques (IREM) et l'lnstitut de recherches en sciences humaines (IRSH).

2. INHAN (a succédé à l'IRAT il y a cinq ans 119751). Il entreprend des recherches agronomiques visant à une meilleure exploitation de l'espace et à une amélioration des techniques culturales. L'institut, dont les activités sont nombreu
ses, procède à des expérimentations et, en cas de résultats probants, vulgarise ses procédés. C'est le cas notamment en ce qui concerne la mise au point de variétés précoces de mil ou d'autres céréales mieux adaptées aux conditions écologiques du milieu. L'INRAN gère un laboratoire des sols à Niamey, une station expérimentale àTarna près de Maradi et s'intéresse également aux problèmes de la protection des végétaux.

3. ONERSOL. C'est un organisme de recherche qui dispose d'une unité de fabrication et de commercialisation. Il a mis au point des chauffe-eau solaires commercialisés dans les villes depuis plusieurs années déjà, des pompes solaires, des fours et des cuisinières solaires. Dans le cadre de l'amènagement du territoire, il faut surtout noter l'intérêt des pompes solaires utilisées dans l'irrigation de vastes rizières à Karma, à 40 kilométres en amont de Niamey et, cela, àun coût hautement concurrentiel.

4. Office naflonal de la recherche minière (ONAlTEM). Il s'occupe de recherches minières et géologiques tout en gérant le patrimoine minier national.

Office des eaux du sous-sol (OFEDES). Celui-ci s'attèle surtout à creuser des puits et des forages que d'entreprendre de véritables recherches.

5. Groupe de recherche de l'Université de Rouen. Le professeur J. Gallais, de l'Université de Rouen, dirige, dans le cadre du programme « Développement des terres arides » de cette université, une équipe de chercheurs travaillant depuis plusieurs années sur les problèmes des régions sèches en Afrique sahélienne. Au Niger, une équipe de géographes y travaille depuis 1970 dans différentes régions du pays sur les problèmes ruraux en général, ceux de l'élevage et des relations sédentaires-éleveurs en particulier, et aussi sur les problèmes de l'aménagement urbain. Ces travaux ont été sanctionnés ou le seront par des thèses ou des mémoires de maîtrise. Notons parmi ces travaux ceux de Sidikou A. Hamidou, Alain Beauvilain, René Poudou, J.-P. Brochaye, Anne Chappuis, Jérôme Marie, tous dans l'ouest du pays, et ceux de Gérard Romier et Denis Retaille à l'est.

6. ORSTOM et CNRS. Exception faite de la mission hydrologique de l'ORSTOM dont les rapports avec l'Université de Niamey sont très lâches, pour ne pas dire inexistants, les
travaux des chercheurs de I'ORSTOM se limitent exclusivement à ceux entrepris par le géographe Edmond Bernus spécialisé surtout dans l'étude des pasteurs touareg. Sa thèse, qui sera publiée sous peu, constitue la consécration de ses travaux. Quant aux chercheurs du CNRS, leur contribution en ce qui concerne plus spécialement les problèmes de l'aménagement est surtout dominée par les travaux de Henri Raulin et Nicole Echard, de P. Bonte dans la vallée du fleuve Niger et l'Ader-Doutchi Majiya et par ceux de G. Nicolas et G. Mainet dans le Gobir (centre du pays, région de Maradi). Rendons hommage cependant au CNRS qui dispose d'un parc automobile àNiamey et dont les chercheurs ont été en fait les pionniers de la recherche au Niger à travers le centre IFAN devenu Centre nigérien de recherches en sciences humaines (CNRSH) longtemps dirigé avec une exceptionnelle compétence par le sociologue Diouidé Laya, puis Institut de recherches en sciences humaines (IRSH).

7. Université de Bordeaux. En collaboration avec l'INRAN et parfois d'autres universités françaises, comme celles de Reims et de Strasbourg, et certains organismes comme le CNRS et le DGRST, elle travaille depuis plusieurs années sur les problèmes de développement et d'aménagement dans le centre du pays, notamment dans le département de Maradi.

8. Recherches entreprises dans le cadre de différents projets de développement Ce sont généralement des études de factibilité. Elles peuvent étre lourdes ou légères. La SEDES, I'IMVT, I'ORSTOM, le BRGM sont les maîtres d'œuvre les plus connus. L'IRSH est parfois associé s'il n'est le maître d'œuvre de certaines études de faisabilité. Ce fut notamment le cas en ce qui concerne le projet Say dont le but était de mettre en valeur la région sous-peuplée de Say sur la rive droite du fleuve grâce à une politique d'immigration et d'éradication de l'onchocercose qui infeste certaines vallées.

9. Chercheurs isolés et en provenance d'universités anglosexonnes. Une place doit être faite a ces chercheurs, car ils sont nombreux, surtout depuis la sécheresse. Parmi eux, notons pour notre propos les recherches entreprises par Souleymane Diarra sur les mutations économiques et sociales en pays Haoussa dans le Niger central.

Rapport sur les activités de formation en ce qui concerne les terres arides au Sénagal

Jacqueline Roy, Université du Sénégal

Il existe à Dakar plusieurs organismes de formation en matière d'environnement, d'aménagement du territoire.

  1. L'ENTA, qui organise dans le cadre du Programme «Formation pour l'environnement», depuis 1976, un cours post universitaire d'« Écologie et d'aménagement du territoire » qui s'étend sur plusieurs mois et dont le thème varie chaque mois.
  2. L'lnstitut des sciences de l'environnement (ISE), qui a ouvert ses portes en janvier 1979 et qui dispense un enseignement de troisième cycle en environnement. Il dépend de la Faculté des sciences de l'Université de Dakar.
  3. L'lnstitut du Sahel, dont le cours postuniversitaire (Unesco MAB) dure une année académique, est basé à l'Ecole inter Etat des sciences et médecine vétérinaires près de l'Université de Dakar.

Les deux premiers organismes ne sont pas des spécialistes de la formation dans le domaine de la gestion des terres arides, mais nous pouvons les mentionner parce qu'y sont dispensés les principes de base nécessaires à l'édification d'un plan d'aménagement du territoire quel qu'il soit.

Je parlerai plus spécialement de l'ISE, dont je suis responsable, et devrai passer plus rapidement sur l'organisation de l'enseignement des deux autres cours postuniversitaires.

Institut des sciences de l'environnement

Pour comprendre l'enseignement tel qu'il est réalisé à l'ISE, il est nécessaire que nous considérions quelques principes fondamentaux.

Principes fondamentaux pour l'aménagement du territoire

L'aménagement du territoire doit se faire en plusieurs étapes: a) étude du milieu comprenant, les facteurs abictiques (climat, sous-sol, sol, hydrographie, etc.), les facteurs biotiques (flore, faune) et les facteurs anthropiques (sociétés, cultures, cultes, économie, etc.); b) élaboration d'une politique de mise en valeur du milieu; c) mise en application et réalisation de cette politique après des essais positifs. Ces étapes mettent en évidence d' importantes difficultés.

Étude du milieu

Celle-ci ne peut pas se faire en regroupant des études effectuées séparément, cette méthode aboutissant à un échec.

Les réunions de spécialistes concernant l'aménagement du territoire deviennent trop souvent des « dialogues de sourds ». Le vocabulaire obligatoirement technique n'est compréhensible que par quelques participants. De plus, il existe de trop grandes barrières entre les différentes disciplines.

Il est donc nécessaire que l'étude du milieu se fasse globalement de manière pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Elle doit être réalisée par une équipe de spécialistes ayant au moins une base de langage commune, dont les travaux concourent à atteindre le même objectif (approche pluridisciplinaire) et qui puissent mettre des « points » entre leur discipline et celles de leur coéquipiers (approche interdisciplinaire). Cette dernière approche doit être facilitée par la présence d'un chef d'équipe à l'esprit de synthèse.

Élaboration de la politique de mise en valeur

Elle nécessite une série de concertations entre l'équipe de spécialistes, les aménagistes, les décideurs et les bénéficiaires.

Ces concertations demandent encore un vocabulaire minimal commun.

Il faut noter également que, très souvent, les bénéficiaires ne sont pas concertés et que ce fait entraine la plupart du temps l'échec du projet. Pour que ce dernier ait plus de chance de réussir, il est nécessaire que la population concernée intervienne à différents niveaux. On doit tenir compte de ses besoins et elle doit participer aussi bien à l'élaboration du projet qu'à sa gestion. Dans ce cas, on parle d'un développement intégré.

Formation à l'ISE

C'est dans l'optique de ces principes fondamentaux qu'a été créé l'ISE, dont les mots clefs sont: pluridisciplinarité, interdisciplinarité, développement intégré.

Objectif et enseignement

L'objectif est le suivant: à partir de spécialistes monodisciplinaires faire des chercheurs ou des cadres capables d'aborder dans leur ensemble les problèmes liés à la mise en valeur du milieu, de les étudier et de les résoudre en équipe en élaborant une politique de développement dans l'intérêt et le bien-être des populations.

L'enseignement s'adresse à des étudiants venant d'horizons divers (facultés, grandes écoles...) ayant déjà un diplôme élevé: cadre en sciences ou en lettres, ingénieurs, docteurs en médecine, docteurs vétérinaires...

La priorité est donnée à ceux qui sont déjà en poste.

Cet enseignement nécessite des effectifs réduits (12 à 15) et un certain équilibre entre les étudiants en sciences naturelles (zoologie, botanique, géologie, médecine, sciences vétérinaires...) et ceux en sciences humaines (sociologie, économie, anthropologie, sciences juridiques...).

L'importance du travail demandé nécessite que l'étudiant s'y consacre à plein temps. Les personnes qui sont déjà dans la vie active doivent être détachées.

Formation

La formation est la suivante.

Un enseignement théorique et pratique commun à tous les étudiants. Celui-ci leur donne une base de vocabulaire commune, les initie à l'approche pluridisciplinaire et ouvre les barrières entre les disciplines. Il est également demandé aux étudiants un travail personnel sous forme de comptes rendus de lecture et d'exposés.

Un travail de recherche dans la discipline de base de l'étudiant, mais avec une perspective environnementale. De plus, tous les étudiants travaillent sur le méme thème de recherche. Ils font donc une approche pluridisciplinaire et doivent confronter leurs résultats. Le thème est choisi parmi ceux considérés comme prioritaires par le gouvernement sénégalais. Le thème actuel est le « Lac de Guiers» dans le nord-ouest du Sénégal en zone sahélienne.

La formation se répartit sur deux années au minimum.

Première année (bases et méthodes de l'environnement)

Premier et deuxième trimestres: tronc commun sous forme de cours, séminaires et sorties sur le terrain qui permet d'acquérir les bases nécessaires aux approches pluridisciplinaire et interdisciplinaire.

Troisième trimestre: séminaires de synthèse communs; travaux (théorie et pratique) en petits groupes de disciplines voisines; début des travaux de recherche personnelle sur l'étude du milieu.

L'année se termine par un examen: AEA (attestation d'étude approfondie).

Deuxième année (politique de l'environnement)

Premier et deuxième trimestres: séminaires communs relatifs à l'aménagement du territoire; séminaires par petits groupes et séminaires de synthèse relatifs au travail de recherche; poursuite du travail de recherche personnelle. Troisième trimestre: rédaction du mémoire et soutenance du

DEA (diplôme d'étude approfondie). Les étudiants qui désirent poursuivre leurs travaux de recherche pourront, dans le cadre de leur thèse de troisième cycle, élaborer un projet de développement qui fera suite â leur travail de DEA.

Les enseignants et les encadreurs pour les travaux de recherche sont des permanents de l'ISE, des spécialistes (enseignants et chercheurs) de l'université et de divers organismes de recherche, des administratifs dont les services sont liés aux problèmes d'environnement (eaux et forêts, parcs nationaux, aménagement du territoire), des membres d'organismes internationaux IENDA, Unesco...).

D'une façon générale l'ISE entretient des relations avec tous les services qui sont liés 3 I'environnement, directement ou indirectement.

ENDA

Pour les cours postuniversitaires « Ecologie et aménagement du teritoire » de l'ENDA, les mots clés sont ici encore: pluridisciplinarité et développement intégré. Le thème varie chaque année. En 1979, il s'agissait de 1'« Aménagement environnemental des régions soudano-sahéliennes ».

L'enseignement mise à: a) initier à l'analyse systématique; b) inviter à l'approche pluridisciplinaire; c) être à l'écoute et aux services des populations; d) élaborer des plans de développement avec des techniques appropriées.

Les étudiants, des stagiaires, doivent avoir une formation du niveau de la licence ou l'équivalent et/ou une expérience professionnelle de quelques années. Leur discipline de base est variable (naturalistes, économistes...) les effectifs sont réduits.

L'enseignement qui s'étend sur plusieurs mois comprend: a) des séminaires théoriques sur le développement, la planification...; b) des ateliers pour l'initiation à des techniques; c) des travaux sur le terrain qui font l'objet de rapports. A la fin du cours il est délivré un certificat de stage.

Les encadreurs sont des membres de l'équipe du programme ENDA ou sont recrutés dans d'autres structures.

Institut du Sahel

Le cours postuniversitaire de l'lnstitut du Sahel s'adresse àdes étudiants de niveau élevé (docteurs vétérinaires, ingénieurs agronomes, zootechniciens, biologistes, etc. ). Les effectifs sont réduits (9 stagiaires en 1981).
en 1981).

Il a pour objectif de donner une connaissance pluridisciplinaire du milieu sahélien et d'élaborer des plans de développement de cette région.

L'enseignement qui s'étend sur une année universitaire comprend: a) un enseignement commun théorique et pratique sur le milieu sahélien, (3 mois); b) un stage sur le terrain (2 mois) en équipe dans plusieurs projets de développement en zone sahélienne; c) un stage sur le terrain 12 mois) pour chaque étudiant dans un projet de son pays d'origine; d) une synthèse de tous les travaux (1 mois) à Dakar en fin d'année. L'enseignement est contrôlé par un examen en fin d'année (certificat d'étude supérieure).

Les encadreurs sont recrutés parmi les universitaires, les chercheurs et les administratifs dont les travaux sont liés plus ou moins étroitement à la zone sahélienne.

Ces trois enseignements ont, comme nous le voyons, des objectifs très semblables, mais, cependant, ils ne se font pas concurrence, car la durée de formation et les diplômes délivrés sont différents. Il existe de plus une collaboration entre ces différents établissements: séminaires communs, échanges d'enseignants..., collaboration qui est souhaitée de part et d'autre plus étroite.


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