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La plupart des méthodes et des outils décrits dans ce guide partent naturellement de la collecte et de l'analyse des données (définir la nature du problème) pour aboutir à la planification de mesures concrètes en vue de régler les problèmes soulevés. Par exemple, une tournée d'inspection hygiénique pourra révéler qu'une partie de la communauté utilise pour sa consommation une source d'approvisionnement en eau particulièrement vulnérable à la pollution. Nous avons vu au chapitre 5 les conséquences que peuvent avoir les informations recueillies au cours d'une tournée d'inspection sur la conception et la réalisation d'un projet. De même, les informations découlant des discussions dirigées et des entrevues semi-dirigées pourraient révéler une incidence plus élevée de diarrhée dans ce groupe. La présentation de ces résultats à la communauté aboutira inévitablement à une discussion sur les mesures à prendre afin de remédier à la situation, ce qui a pour effet de reléguer la collecte des données au second plan, derrière l'exécution. Une étude d'évaluation sanitaire ne se termine donc pas avec la présentation des résultats. Elle doit conduire à des mesures de suivi sur la base des résultats.
Que les démarches participatives soient jugées importantes ou non pour l'évaluation, le résultat final de l'étude sera l'identification des pratiques d'hygiène à haut risque, intégrées dans un contexte reposant sur les conditions physiques, les croyances et les idées de la population locale. Vous recommanderez alors immanquablement d'inclure des activités de promotion de l'hygiène dans les mesures de suivi. Le but du projet de promotion sanitaire doit être de persuader les gens d'abandonner les pratiques à haut risque en faveur de pratiques sûres et à faible risque. Mais qu'est-ce qui persuade les gens de modifier leurs habitudes? De nombreuses études ont montré que la réponse à cette question est: «ne pas avoir reçu seulement la connaissance.» Quatre facteurs susceptibles d'influencer le changement de comportement ont été identifiés:
• Simplification La nouvelle pratique simplifie la vie de celui qui l'adopte.
• Compréhension. La nouvelle pratique est logique dans le contexte du savoir et des idées de la population locale.
• Acceptation. Les personnes importantes et respectées de la communauté acceptent et ont adopté la nouvelle pratique.
• Aptitude à s'adapter à la nouveauté. Il est physiquement possible pour la personne concernée d'effectuer les ajustements nécessaires.
Voici quelques exemples illustrant les moyens d'intégrer les informations recueillies à l'aide de ce guide dans un processus d'application pratique tenant compte de ces quatre facteurs:
. Afin d'aider les gens à utiliser de l'eau potable pour leur consommation courante, il sera parfois nécessaire de veiller à ce qu'il y ait suffisamment de sources d'approvisionnement en eau protégées dans la communauté, et à ce qu'elles soient plus faciles et pratiques à utiliser que les sources traditionnelles non protégées. En termes de planification, cela impliquera peut-être de poursuivre l'exercice de cartographie qui a identifié les sources existantes au lieu d'utiliser la carte pour planifier les nouveaux points d'eau.Simplification
Compréhension. Les messages et les activités de promotion de l'hygiène ne sont pas reçus par les gens dans le néant. Ils sont au contraire évalués, acceptés, modifiés ou rejetés par les gens, en fonction du contexte de leurs préoccupations sanitaires et de leurs convictions sur les maladies. Un certain nombre d'évaluations identiques ont, par exemple, fait naître les notions de maladie chaude et de maladie froide devant être traitées par un régime amaigrissant ou la consommation réduite de certains aliments. Dans plusieurs cas, la promotion des SRO (sels pour réhydratation orale) a rencontré des difficultés parce que la diarrhée est classée comme une maladie chaude qui doit être traitée par des substances refroidissantes, alors que le sucre, l'un des principaux ingrédients des SRO, est classé comme un élément chaud, ce qui rend le traitement par SRO inadapté. Les réalisateurs du projet ont trouvé divers moyens de surmonter ce genre de problèmes, par exemple en remplaçant le sucre par le miel (considéré comme une substance refroidissante), ou encore en incitant les gens à prendre les SRO avec du thé aux feuilles de goyave (un remède traditionnel tenu pour refroidissant et capable de neutraliser l'effet chauffant du sucre dans les SRO).
Acceptation. Afin de souligner les avantages du changement, il sera peut-être nécessaire de destiner la promotion sanitaire à certains groupes de «précurseurs/inspirateurs», tels les guérisseurs traditionnels, les chefs locaux ou les jeunes mères, qui ont des chances d'être imités par leurs pairs. Le meilleur moyen d'y parvenir est souvent le recours continu aux techniques de discussion en groupe employées au début de l'évaluation.
Aptitude à s'adapter. Si le changement de comportement nécessite des ressources, certaines personnes risquent d'être laissées en rade. La promotion de latrines, par exemple, pourra demander une planification soignée avec les communautés, en ayant recours aux nombreuses techniques examinées précédemment pour permettre l'allocation d'aides/de subventions ciblées à tous ceux qui seraient dans l'incapacité de suivre le changement.
Dans les projets où la promotion de
pratiques d'hygiène à faible risque a été réalisée, les mesures de suivi des
évaluations pourront s'attaquer à d'autres questions moins importantes. Quels que soient
les résultats de votre étude, ce guide vous aidera à mieux connaître vos expériences
(voir fiche d'évaluation à la fin du guide).